(Article garanti sans iA) Dans mes récents accompagnements de managers ou de collectifs, deux mots reviennent avec insistance : « 𝐫𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐢𝐫 » 𝐞𝐭 « 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ ».
Derrière ce dernier mot, se cache une vague d’inquiétude diffuse très reliée au contexte : des peurs diverses. Biensûr l’actualité économique, écologique, diplomatique et politique nourrit cette insécurité, comme un nuage sombre qui plane au-dessus de nos têtes.
❓ 𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐞 𝐫𝐨̂𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐚𝐜𝐡 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐦𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐥’𝐢𝐧𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ ?
Donner de la sécurité n’est pas un objectif atteignable. 𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧 𝐝𝐞́𝐬𝐢𝐫 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥, une quête sans cesse remise en jeu. Pour nous, coachs, la tentation serait grande d’y répondre en « sécurisant » nos clients : par la réassurance, la présence enveloppante, le mythe du coaching sur la « confiance en soi »
Or, c’est là 𝐮𝐧 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐫𝐞. Nous n’avons pas le pouvoir d’apporter la sécurité. Nous pouvons, en revanche, accompagner 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥’𝐢𝐧𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́, cet espace où la peur parle, mais où quelque chose de vivant cherche à se dire.
🤔 En relisant ces jours Simone Weil, dans « L’Enracinement », je découvre un nouvel éclairage.
« 𝑳’𝒂̂𝒎𝒆 𝒂 𝒃𝒆𝒔𝒐𝒊𝒏 𝒅𝒆 𝒔𝒆́𝒄𝒖𝒓𝒊𝒕𝒆́, 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒂𝒖𝒔𝒔𝒊 𝒅’𝒖𝒏 𝒓𝒊𝒔𝒒𝒖𝒆 𝒎𝒆𝒔𝒖𝒓𝒆́. 𝑺𝒊 𝒍𝒆 𝒃𝒆𝒔𝒐𝒊𝒏 𝒅𝒆 𝒔𝒆́𝒄𝒖𝒓𝒊𝒕𝒆́ 𝒍’𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆 𝒂̀ 𝒍’𝒆𝒙𝒄𝒆̀𝒔, 𝒍𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝒅𝒆 𝒍’𝒂̂𝒎𝒆 𝒔’𝒆́𝒕𝒊𝒐𝒍𝒆. 𝑺𝒊 𝒍𝒆 𝒓𝒊𝒔𝒒𝒖𝒆 𝒍’𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆, 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒔𝒆 𝒅𝒆́𝒕𝒓𝒖𝒊𝒕. »
Simone Weill nous rappelle que les besoins de l’âme vont toujours 𝐩𝐚𝐫 𝐩𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 :
sécurité et risque, obéissance et liberté, égalité et hiérarchie.
Accompagner le besoin de sécurité, c’est donc 𝐫𝐞́𝐡𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞𝐫 𝐬𝐚 𝐩𝐨𝐥𝐚𝐫𝐢𝐭𝐞́, 𝐥𝐞 𝐫𝐢𝐬𝐪𝐮𝐞 : Aider le coaché à reconnaître son besoin de se sentir en sécurité tout en réapprenant à s’exposer au réel, à l’imprévisible, à la vulnérabilité de l’existence. C’est ainsi qu’on se solidifie.
🔆 Le rôle du coach n’est pas de fournir des digues, mais d’𝐨𝐟𝐟𝐫𝐢𝐫 𝐮𝐧 𝐞𝐬𝐩𝐚𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐯𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐞́ où la peur puisse être nommée, traversée, intégrée; un face-à-face avec les dragons intérieurs nécéssaire. Mais nous devons aussi ouvrir l’espace de la prise de risque : Oser. Oser y aller sans tout contrôler. Remplacer le contrôle par l’ancrage : une sécurité intérieure qui n’exige plus la certitude du monde pour se sentir vivante.
« 𝑳’𝒆𝒏𝒓𝒂𝒄𝒊𝒏𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒆𝒔𝒕 𝒑𝒆𝒖𝒕-𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆 𝒃𝒆𝒔𝒐𝒊𝒏 𝒍𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒎𝒆́𝒄𝒐𝒏𝒏𝒖 𝒅𝒆 𝒍’𝒂̂𝒎𝒆 𝒉𝒖𝒎𝒂𝒊𝒏𝒆 », écrit encore Simone Weil.
Être enraciné, c’est accepter d’habiter le monde tel qu’il est instable, fragile, changeant, sans fuir vers le fantasme d’un sol plus ferme.
📌 Et c’est là, peut-être, notre tâche d’accompagnant : 𝐧𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐬 𝐫𝐚𝐬𝐬𝐮𝐫𝐞𝐫, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐜𝐚𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐯𝐫𝐞.