Auteur : Flavienne Sapaly

Quel pouvoir avons-nous sur nos pensées ?

Nombreux sont mes clients qui expriment leur fatigue à « penser trop ». Le célèbre écrivain Serge Marquis(1) les rejoint lorsqu’il dit « le plus grand monstre de tous les temps c’est le hamster qui court dans notre tète constamment ». Sommes-nous les créateurs de nos pensées ? Sans décrire la mécanique complexe cérébrale qui produit nos pensées, nous pouvons affirmer que les pensées sont un objet qui viennent à nous au même titre que les paysages, les bruits de notre environnement, les évènements extérieurs…des histoires se racontent dans notre tète, commentent, associent, jugent, interprètent, ressassent des vérités, exhaustent des doutes etc…et en cela nous n’avons aucun pouvoir sur elles. Selon le Dr. Daniel Amen(2), nous produisons 60 000 pensées par jour. Ceci correspond à environ 1 pensée par seconde lorsque nous sommes éveillés ! Nos pensées ne sont cependant pas le fruit du hasard ; notre bas parleur extrait sa prose de nos expériences passées, de notre éducation, de notre culture… il papote au-dedans de nous sans même que nous nous en rendions compte, au point de nous échapper et parfois de s’emballer. Pensées et croyances sont à l’origine de toutes les souffrances que nous nous infligeons à nous-même et aux autres. Selon Dominique LUSSAN(3), qui a étudié plus de 1800 personnes, plus de 90% des personnes n’arrivent pas à garder un état d’être positif plus de 3’ d’affilée sans qu’une pensée ne vienne les y déloger. Si nous n’en sommes pas créateurs, pouvons-nous être responsables de nos pensées ? L’état de vigilance : une clé qui nécessite de l’entrainement L’écrivant conférencier Eckhart TOLLE(4) a repris ce que la plupart des enseignements spirituels de toutes les traditions nomment la Présence : rester là quelques instants en contact avec ce qui est, nous ouvre cœur et esprit. Quoi de plus urgent dans l’emballement de nos pensées que de choisir de s’arrêter. Sans arrêt sur nos pensées, il n’y a aucune possibilité de les contempler comme le propose Byron Katie(5) pour revisiter notre système de croyances. S’arrêter est déjà le signe d’un choix, le choix de sortir du subir. Lorsque le hamster court dans sa cage, l’arrêter est difficile car le plus souvent, le mouvement égotique qui l’anime est la peur, ou le désir : il veut gagner quelque chose ou éviter de perdre quelque chose. Or tant qu’il court, il nous empêche d’apprécier ce qui nous entoure et de contempler le spectacle de la vie. La vigilance dont nous parlent les pères du désert c’est prêter attention à la présence, à ce qui est en nous immuable ; « découvrir ce qui en nous ne vieillira jamais » nous dit Marie de Hennezel(6). Et ce qui ne vieillira jamais en nous c’est notre capacité d’émerveillement, notre cœur qui bat pour ce que l’on aime, notre attirance pour le beau, le bon et le bien….et le mouvement même de la vie dans l’infini du présent. Quelles pensées avez-vous en ce début d’année ? Les résolutions de début d’année, sont l’occasion pour bon nombre d’entre nous, de se souhaiter un futur alléchant ou du moins, pas pire que l’année précédente. Des souhaits pour une mieux-être ou pour se prémunir des incertitudes liées à l’avenir du monde, de l’économie, à l’évolution de notre santé etc… Nos pensées anticipent l’avenir d’autant que l’avenir nous est montré sombre et les prive d’ensoleillement. Jean Yves Leloup(7) , nous invite à cette fameuse vigilance « Se soucier de son avenir et de l’avenir du monde ne change rien à notre destin. Se soucier de notre éternité, n’est-ce pas devenir libre à l’égard du destin et changer de monde ? » Puissions-nous en ce début d’année, nous souhaiter d’apprécier le présent sans trop nous soucier de l’avenir et d’apprendre à choisir nos pensées. [1] Serge marquis est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels : « On est foutu, on pense trop ! » ed Poche, « le jour où je me suis aimé pour de vrai » ed Poche [2] Dr Daniel Amen, psychiatre et spécialiste de l’imagerie du cerveau de renommée mondiale, auteur de « plus heureux en 30 jours, votre challenge ! » ed Testez [3] Dominique LUSSAN, fondatrice et presidente de Harmonic Vision ; Sa recherche est fondée sur une étude finalisée en 2003 par un DEA en ethnologie sur « l’impact des états profonds de la Conscience d’un dirigeant sur la création de la valeur globale (économique, humain, environnemental et sociétal) de l’entreprise ». [4] Eckhart TOLLE auteur de nombreux ouvrages dont « le pouvoir du moment présent » Ed J’ai lu [5] Byron Katie auteure et conférencière américaine qui enseigne une méthode d’auto-questionnement connue sous le nom « Le Travail de Byron Katie » ou plus simplement « Le Travail ». [6] Marie de Hennezelle est une psychologue, psychothérapeute et écrivaine française. Elle est connue pour son engagement à l’amélioration des conditions de la fin de vie. [7] Jean Yves Leloup, philosophe et prêtre orthodoxe, Extrait de graine de conscience – décembre 2023

Une place rien qu’à soi?

La rue gronde, l’avenir est trouble, la vie est chère, « travailler » est besogneux pour beaucoup : Existe-t-il une place pour chacun de nous dans ce monde aux soubresauts fallacieux ? Qu’est- ce que ce rêve d’une place à soi ? celui d’un réel rassurant avec des places établies ou une quête aventureuse ? On voit bien que 2 schémas s’opposent. Georges PEREC[1] écrit « J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés : des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : (…) . De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient une question, cesse d’être une évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute (…). Il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête ». Oui, faire la conquête de sa place est le fruit de tout un parcours : une partition musicale qui pour être jouée au plus juste nécessite d’écouter régulièrement la note du diapason auquel nos instruments doivent s’accorder. Je ne conteste pas le fondement des colères à la conquête d’une retraite à 60 ans ou d’autres sécurités, mais se pourrait-il que cette énergie nous dévie de l’accomplissement du grand rendez-vous avec nous même ? Le rêve d’une place qui nous correspondrait et nous exprimerait tout à la fois, traduit plusieurs inquiétudes : l’errance nous fragilise, la finitude nous terrorise, l’indécision de notre être nous paralyse. Mais le rêve d’une place unique, traduit aussi un désir universel d’infini, que certains appellent le bonheur. L’intuition que notre vie a un sens. La place fatalité Lorsque nous sommes rivés à certaines places, par le hasard de la naissance, les contraintes de l’Histoire, par mauvais coups de dé ou choix révolus de sens, elles deviennent une charge ou une prison. Progressivement notre voix (et voie) s’assourdit au fil des années. Il faudrait partir, aller voir ailleurs. On le sait. Alors peurs et doutes nous assaillent. On se fige, on se plaint, on peste et on espère qu’à la retraite enfin, on pourra vivre. Quelles autres options s’offrent à nous ? Faire une place en soi Chacun de nous se tient dans une partie de son être connue et bordée depuis longtemps : prendre le temps de trouver les places intérieures inexplorées, l’espace du dedans que je n’occupe pas, nécessite des lieux de transition, des lieux de passage où nous nous défaisons d’un peu de nous mèmes, où nous nous libérons de la fatigue ou de l’habitude d’être soi. Faire une place en soi, demande d’apprendre à s’aimer, à faire des expériences sans attentes. Et pour cela, il faudra parfois se délester d’acquis extérieurs obtenus à la force du poignet. Suivre les voies détournées. Mais parfois suivre les vents, dériver les courants, s’écarter un peu mais pas trop, nous permet d’arriver en un lieu par une voie détournée. Le plus court chemin n’est pas forcément celui qui nous mène là où nous voulons aller. Il n’est d’ailleurs pas certain que nous sachions où aller. Comme certains oiseaux dessinent de grands cercles autour de l’arbre sur lequel ils finissent par se percher, de la même manière, on peut avoir besoin de faire le tour d’un endroit pour voir où est la faille, celle par laquelle se faufiler. Trouver une meilleure place sans passer par l’entrée principale mais au détour d’une association, d’une activité sportive, de l’exercice d’une passion, d’un changement de service dans l’entreprise qui nous embauche. S’inventer une place D’aucun créent leur propre place, leur propre chemin. Ils sont à la source d’une idée, d’un projet, et osent se différencier des voies toutes tracées ou partir à la conquête de rivages inexplorés. C’est la volonté qui œuvre. Un choix conscient qui part de désirs et d’intention plus ou moins animés par le « moi ». Un « moi » déterminé à prendre son destin en main. La place qui dirait quelque chose de mon identité serait alors celle qui garderait les traces des déplacements qui m’ont conduit. Se révèler dans l’ouvert : On peut décider de n’être plus celui qui décide mais celui qui s’ouvre à quelque chose qui le dépasse : laisser l’inspiration qui nous mène à faire UN avec notre essence. Cela signifie, n’être plus celui qui fixe des objectifs et fait des projets comme le veut notre société mais s’abandonner à vivre. Mais, cela signifie aussi ne plus confier son bonheur en des choses extérieures, ni même à soi-même, mais se confier à plus que soi à l’intérieur de soi.  Comme le vitrail qui se laisse traverser par lumière, devenir co-créateur. Ce fut le chemin du célèbre Jacques Lacan, saisit par une destinée inspirée. « On occupe la place où un acte vous pousse, comme çà, de droite à gauche, de bric ou de broc. Il s’est trouvé des circonstances qui étaient telles que ce à quoi, à vrai dire, je ne me croyais pas du tout destiné, eh bien, il a fallu que je prenne la corde en main… »[2] En ces temps de chaos, nous pouvons nous sentir perdus voir abandonnés. Le plus difficile est d’accepter de faire corps avec nos sensations et ressentis inconfortables. Chacun de nous a à répondre à ce qui le touche en s’installant dans la certitude absolue que tout ce qui lui arrive est au service de l’évolution de la Conscience. C’est un acte de foi (qui n’est ni une croyance ni religieux) Je pose l’intention que là où l’angoisse nous assaille, nous puissions nous confier à ce qui, en nous, au delà de nos propres forces, nous guide déjà inexorablement vers nous mèmes depuis toujours : le désir et l’expérience. Une place nous y attend. Flavienne SAPALY, coach praticien senior et superviseur accrédité EIA et ESIA [1] Georges PEREC, « espèces d’espace », ed Augmentées d’inédits, 2022 [2] Jacques Lacan, « place, origine et fin de mon enseignement », le Seuil, 2005

Sortir de la victimite

Dans un contexte social tendu, évoquer la victimite peut paraitre provocateur. Je crois effectivement que notre culture française est coincée dans le triangle Victime-persécuteur-sauveur qui mène inexorablement au conflit et au sentiment d’impuissance. J’assiste à la même impuissance dans les entreprises où le rapport syndicat/direction a du mal à s’inscrire dans une relation d’adulte c’est-à-dire une relation où l’existence de l’un n’empêche pas l’autre et où faire un choix respectueux de l’un et de l’autre est rendu possible. Il est important de garder en tête que l’état d’esprit de victime, n’est qu’un état passager et qu’il est donc important de ne pas se coller ou coller aux autres, une étiquette définitive de « victime ». Le paradigme sous-jacent à cet état d’esprit de « victime » est : « Je suis impuissant et vulnérable dans un monde hostile, injuste, dangereux et soumis au hasard. Il y a des gens qui ont de la chance et d’autres pas. Je n’ai pas ou très peu de pouvoir sur ce qui peut survenir dans mon existence. Il est bien difficile d’obtenir ce que l’on veut dans la vie. Le mieux que l’on puisse faire c’est se battre, essayer de contrôler au maximum, se protéger et se défendre des autres et de la vie, et éventuellement prier le ciel pour qu’il ne nous tombe pas sur la tète ». On parle de victimite lorsque ce sentiment devient pathologique et c’est le cas en général lorsqu’il s’inscrit depuis l’enfance où, pour de multiples raisons, s’est développé un sentiment d’impuissance dans un univers sourd aux besoins de la personne (ex : être obligé de faire des choses qu’on ne voulait pas, impossibilité de s’exprimer, être mis face à une montagne d’interdictions, de limitations ou être écrasé par son environnement…). Ainsi, pour être aimé l’enfant devait donc soit se soumettre soit se rebeller. Dans notre culture actuelle, aussi « normale » qu’ait pu être notre enfance, nous avons tous été soumis plus ou moins à ce type de frustrations. La victimisation est donc un système de protection pour tenter de se faire entendre dans ses besoins et ses peurs. La personne vit intérieurement une grande solitude et derrière cela des émotions refoulées dont elle n’est pas toujours conscience ou dont elle est coupée : un état latent de stress et d’anxiété qui peut aller jusqu’à la dépression, ou de colère réprimée qui peut se manifester par un coté agressif passif ou actif en projetant sa négativité sur les autres. En effet la victime met les autres en charge de ses émotions : « si tu m’aimes, tu devrais… », « j’ai raison, les autres ont tort », « attention, ils sont là pour m’avoir… », « grrr, le verre est encore à moitié vide », « c’est toujours sur moi que ça tombe… », « les autres sont si cruels », « je me sacrifie car les autres sont ingrats », « pourquoi moi ? », « au secours »… Il n’y a pas de travail sur soi ou sur les autres qui soit possible et réellement efficace tant que l’on est dans l’état de victime. On ne peut vraiment guérir que soi-même. En entreprise, quelques RH et managers qui ont eu le courage d’essayer d’aider les personnes dans cet état en questionnant leurs peurs ou leurs besoins, se sont trouvés face à un mur, un refus de communiquer ; C’est hélas fréquent ! les seuls moments où la victime a l’impression d’être en relation est lors de rencontres avec d’autres victimes où elles peuvent ensemble se plaindre ou critiquer en chœur. Le cycle classique de la victime est : Elle se trouve un (ou des) bourreaux – rééls ou perçus comme tels dans sa tète – afin de projeter sa réalité intérieure sur l’extérieur Elle est insatisfaite, frustrée ou fâchée Elle se plaint passivement ou agressivement Elle blâme les autres, ou les circonstances, silencieusement ou bruyamment Elle juge ses bourreaux et tous ceux de l’univers qui d’après elle ne sont pas corrects Elle se venge (directement ou indirectement, sabotage évident ou subtil) Elle se sent coupable Pour se justifier elle génère ou s’invente d’autres bourreaux qui la font souffrir. Les cibles de bourreaux la rejette ou l’humilient ou s’écartent d’elle Elle a la confirmation de ses croyances : les autres son méchants, elle est victime La 1ère attitude a avoir, est probablement de « méta communiquer » sur ce qu’on observe avec le plus d’objectivité possible : « j’observe que tu vois souvent le verre à moitié vide et que c’est source d’insatisfaction fréquente pour toi » Will Schutz, père de l’Élément Humain, nous invite à réfléchir, voir à questionner (si vous avez une belle alliance avec la personne) les bénéfices et les coûts d’une telle attitude; et ils peuvent être très nombreux!  Ex de bénéfices : se faire exister, justifier de nos échecs, éviter la culpabiliser, se sentir meilleur que les autres qui sont « incorrects ». Ex de coûts : stress, insatisfaction permanente, méfiance/déception dans les relations, sentiments désagréables, fatigue… A chacun de trouver le tact et la formule qui lui convient pour aborder cela. Une autre étape pourrait être de poser la question « y a—t-il un autre état d’esprit que nous pourrions utiliser et qui serait plus satisfaisant en termes de bien être, de paix, de santé, d’épanouissement personnel et collectif ? » Ceci est en lien avec mon article précédent « choisir de choisir » : aider les personnes à être conscients d’eux mèmes,  et les aider à choisir de s’en sortir. Et pour le manager ou le RH qui serait « victime » d’une « victime », c’est également une question à se poser : comment retrouver mon pouvoir d’agir ? Notre intention et notre propre état d’esprit d’accompagnant fait toute la différence : car nous devons mobiliser avec sincérité toute notre compassion pour éveiller la part de la personne qui est au-delà de ces patterns,au contraire pleine de désirs d’une relation où ses besoins et ses peurs peuvent être accueillis. Nous avons tous nos limites et nos mécanismes de défense ! Un beau sujet de coaching ! PS : il est évident que je ne parle pas ici des victimes d’injustices sociales, ou économiques ou victimes d’atteintes à leur intégrité physique ou morale qui se battent pour défendre leurs droits Flavienne SAPALY, 06.82.56.38.99, coach praticien senior et superviseur accrédité EMCC

Choisir de choisir

Étymologiquement, le mot « choisir » veut dire « gouter », « savourer », « jouer », « éprouver une sensation, une émotion ». Cela fait référence à une expérience positive. Et en effet, « choisir » c’est cesser d’hésiter, de se torturer, d’entretenir la peur et l’insécurité, c’est prendre une décision. Pourtant, « choisir » est, pour la plupart des gens qui viennent à moi, un espace de souffrance parce qu’il est porteur de déchirements, de peurs et de stagnation. J’écris cet article, car en ces temps chahutés, « choisir » se fait nécessité pour garder le fil du sentiment d’exister. Le doute maintient surplace. Il nous attache. Il nous lie. Combien de fois, j’entends les personnes que j’accompagne me dire « Je n’ai pas le choix » ou « je n’avais pas le choix » : un pouvoir qu’on a laissé de côté ou à un autre. Qu’est ce qui nous fait douter sinon la peur ? la peur de nous tromper, de ne pas faire le bon choix, de ne pas accomplir la bonne action. Rester dans le doute, c’est pire que de se tromper parce que se priver de sa liberté de choisir, c’est nourrir l’insécurité et le manque de confiance en soi. Quand nous doutons cela, signifie que nous devons effectuer un choix, prendre une décision. « Choisir » représente une forme d’amour de soi. C’est exercer sa souveraineté. Pour vivre positivement l’expérience de décider, il est nécessaire de lâcher prise sur les conséquences du choix, accepter de ne pas tout prévoir, de ne pas tout contrôler ; laisser une partie du contrôle à la vie qui nous habite. Cesser de chercher une réponse. La décision est la réponse. C’est comme monter une marche sans vraiment savoir ce qui nous attend sur la marche suivante, mais en étant convaincu que le recul n’existe pas pour celui qui veut apprendre. De la décision naît une nouvelle expérience qui ne peut être qu’une source d’évolution. La bonne décision n’est pas celle qui exclut l’erreur, mais bien celle qui inclut l’acceptation de franchir un chemin inconnu, d’apprendre. Elle inclut une foi profonde en notre capacité à tirer le meilleur de tout ce qu’elle entraine d’incontrôlable. Décider, c’est conjuguer le pouvoir rationnel et irrationnel en nous. C’est pourquoi, lorsque nous prenons une décision ferme, nous ressentons presque toujours une force intérieure, une joie profonde, un sentiment de sécurité indéfectible. Oui, nous avons le choix. Christiane Singer[1] nous le confirme lorsqu’elle affirme : « la dignité concédée à l’homme est la possibilité du choix. (…) L’homme doit agréer à son destin et non pas le subir. L’homme doit se lever et dire tout haut : Oui, je choisis de naître. Aussi longtemps que nous n’avons pas dit ce OUI, nous ne fêterons pas de noces. Ma vie, ne peut être le produit d’un rapt. Ce sont des noces qu’il me faut célébrer entre elle et moi »  Le fait de choisir demande souvent un effort. Décider est un muscle que l’on peut entrainer notamment avec l’aide d’un tiers qui facilitera l’écoute et le discernement parmi les différentes voix qui parlent en vous et sont parfois en conflit. Mais il vous aidera aussi à écouter avec le cœur et le corps. Notre corps sait avant notre tête ce qui est bon pour nous. Apprenons à l’écouter. Nous savons tous que, à certains moments de la vie, la force nous manque vraiment pour faire des efforts. Dans ces moments-là, nous avons malgré tout besoin de faire un choix. Notre principal ennemi n’est pas la situation mais l’insécurité et le doute qui nous enferme dans l’impuissance : alors vient le moment de choisir l’option qui vous apportera la paix. C’est possible !  Flavienne SAPALY (coach et superviseur de coach accrédité EMCC), membre de l’ équipe des coachs de Développer les talents.   [1] Oui, je choisis de naître, Christiane SINGER, ed Albin Michel

S’orienter pour exister ou pour être?

En cette période de ma vie où je constate avec consternation mon erreur d’orientation, je contemple le mot « s’’orienter » : quel joli mot que celui-là ! S’orienter c’est trouver son orient.   Chacun d’entre nous, qu’il en ait conscience ou non est en quête de ce point cardinal où le soleil se lève, à savoir l’est.   Cette quête vient d’une loi de vie qui pousse chaque homme à devenir lui- même, quelques soient ses inhibitions et son histoire. C’est un pattern universel : toute chose a vocation à réaliser ce pour quoi elle a été conçue. Selon ce principe, le fruit du chêne, le gland, va subir plusieurs métamorphoses avant de devenir un chêne. Et il en est ainsi pour chaque organisme vivant.   A défaut, nous sommes « à l’ouest » comme nous l’indique la vox populi. En d’autres termes, nous vivons à coté de nos pompes. Pourquoi partir dans le mauvais sens en étant parfois persuadé que nous suivons la voie juste. Être à l’ouest signifie passer à côté de soi, s’être lâché la main : et cette orientation erronée nous inscrit dans l’existence, étymologiquement en dehors de l’être.   Quelles sont les conséquences de cette désorientation ? Exister devient alors plus important qu’Être. Exister, nous oblige à trouver des raisons de vivre au lieu de nous réjouir d’être vivants : on confond la vie avec l’expérience que nous en avons et compensons notre déficit d’Être par de l’avoir comme l’illustre magnifiquement notre société de consommation. Quand notre pulsion d’orientation reste archaïque, elle se transforme en errance et érige en valeur absolu, ce qui s’oppose à la vie elle-même. On recherche à l’extérieur ce qui est à l’intérieur au travers d’un nouvel emploi, un nouveau compagnon, une nouvelle maison, une nouvelle passion…comblant ainsi l’inconfort généré par notre appel à Être. Sachez que vivre ne demande pas d’effort, alors qu’exister en demande beaucoup. Est un hasard si l’Est s’entend comme le verbe Être conjugué au présent à la 3e personne du singulier ?   Trouver son EverEst, c’est rencontrer ce qui est lumineux en nous : trouver le sacré en nous. Il s’agit de s’élever au-dessus d’une condition humaine qui nous condamne à demeurer dans la vallée des larmes décrite dans la bible.   CG JUNG nomme cette voie le processus d’individuation (et qui n’a rien de commun avec le chemin d’individualité) : un chemin psychique et affectif pour découvrir le goût de soi et le goût de l’autre et parvenir enfin à l’altérité. L’altérité est la signature de la maturité affective et psychique qui fait tant défaut à notre humanité. Cette immaturité est à l’origine de comportements archaïques où aimer est confondu avec posséder, où la manipulation et la chosification de l’autre génère des tissus relationnels carencés menant aux abandons, dominations, trahisons, perversions etc…   Alors qu’est ce qui refuse de grandir et de s’orienter en nous ? pourquoi tenir vent debout, solidement enraciné dans son intériorité, celle qui confère la foi qui soulève les montagnes, est un chemin si peu fréquenté ? Pourquoi préfère-t-on à l’intériorité et l’individuation, les sirènes et potions magiques qui promettent de nous dévoiler qui nous sommes à coup de profils de personnalités ou autres programmes miracles ?   La psyché collective nous laisse croire que nous pouvons évoluer à coup de vouloir, de rationalité, de persévérance. La psyché est un labyrinthe dont l’exploration peut paraitre laborieuse et dont tout tentative de synthèse serait imparfaite. Le mouvement qui nous pousse à trouver notre orient échappe à toute rationalité et nous perturbe plus souvent qu’il nous rassure. Pour ceux qui découvrent leur vie du dedans, sachez que l’exploration de la vie psychique est confrontante. Mais elle ouvre des espaces inexplorés de notre personnalité qui nous fait découvrir que nous sommes bien plus grands que le moi restreint auquel nous nous identifions.   C’est là l’essentiel : en chacun de vous, un trésor caché réclame votre attention pour qu’advienne celui ou celle que la vie a désiré que vous soyez et non celui ou celle que l’histoire a façonné.                   Ecrit par Flavienne SAPALY S’orienter pour exister ou Être ? Mob : 06.82.56.38.99Mail : flavienne.sapaly@humanart.fr   Coach Accréditée EIA EMCC Superviseur Certifié CSA Consultante formateur agréé expert ICPF et PSI