Auteur : Olivier Raynal-Benoit

Des bouts de chemin à partager... Coacher consiste pour moi à accompagner une personne ou une équipe pour favoriser sa croissance vers une plus grande autonomie, en cohérence avec ses buts et finalités. Au niveau des organisations, le coaching vise à développer l'intelligence managériale et collective. J’aime contribuer à ouvrir des chemins vers un mieux-être (ensemble), un espace pour multiplier les options et libérer l’action. Coach, mais aussi superviseur et gestalt-thérapeute, j’accompagne les personnes et les collectifs à développer leur conscience de comment mieux « être au monde ».

Supervision de coachs : Qu’es aco ?

Dans un QCM1 pour néophyte du coaching, on pourrait trouver les propositions suivantes à la question posée en titre : 1) Luxe psychologique2) Cosmétique marketing3) Nécessité professionnelle. La réponse 3 tombe sous le sens, et ce n’est pas un parti-pris. Mais encore faut-il l’expliquer, pour qui n’est pas du métier. Vous avez dit luxe ? D’aucuns pourraient croire que la supervision trouve son utilité là où il y a problème. Ainsi, un coach qui ne rencontre pas de difficultés dans sa pratique, n’aurait pas besoin de « se faire » superviser. Et s’il fait appel régulièrement à un superviseur, ce serait alors davantage par mesure préventive. De là à penser qu’un coach expérimenté, mieux assuré dans sa posture et ses interventions, aurait moins besoin de supervision, il n’y a qu’un pas. Que je me garderai bien de franchir, bien sûr. S’il y a un luxe quelque part, c’est bien de pratiquer le coaching sans disposer d’un espace de prise de recul – pour n’évoquer que cet aspect. Un luxe dangereux, disons-le : pour le client d’abord, pour son environnement ensuite, pour le coach lui-même enfin. Déontologie de façade ? Le marché se professionnalise. Les acheteurs de coaching savent de plus en plus souvent de quoi ils parlent – souvent formés eux-mêmes auprès d’organismes reconnus – et, dans les appels d’offres par exemple, il est désormais presque systématiquement demandé que les coachs soient supervisés, et puissent l’attester. Cela rend parfois la vie des coachs (externes) plus difficile, mais c’est évidemment une évolution positive. Du coup, les écoles de coaching élargissent leur offre en y intégrant de la supervision, les coachs y recourent plus « naturellement » et tout le monde est content. Content ? Peut-être. Mais convaincu ? A voir… Quelques uns de mes supervisés m’ont dit avoir réalisé l’importance de la démarche à partir du moment où ils l’ont engagée. Je leur sais gré d’avoir eu cette franchise, et de retrouver chez eux cet appétit de grandir qui résonne avec le mien, et avec mon propre souci de disposer de cet espace si particulier. Recourir à un superviseur pour répondre à des critères de marché peut se comprendre, mais ne peut être suffisant. Sans doute, un des signes de maturité professionnelle est d’être supervisé parce qu’on le choisit vraiment. De quelle nécessité professionnelle parle-t-on ? La supervision n’est pas propre aux coachs, mais concerne la plupart des métiers d’accompagnement, et notamment ceux où la dimension psychique de la relation est prééminente : métiers de la sphère « psy », travailleurs sociaux, etc. Pour reprendre la définition donnée par S. Nadot et S. Bruno2 : « la supervision est à associer à un retour sur activité ayant pour effet de développer une maîtrise chez celui qui y est impliqué ». E. Murdoch et F. Adamson3 parlent quant à elles d’ « un lieu où les coachs peuvent déposer leurs préoccupations telles qu’elles surviennent dans l’exercice de leur métier ». Je préciserais pour ma part qu’il s’agit d’une alliance de travail dans un espace sécurisé qui a pour objet de permettre aux supervisés de développer leur expertise, leurs compétences éthiques, leur confiance en eux-mêmes et leur créativité. Il s’agit donc bien, en sus de ses fonctions normative et de soutien, d’un lieu de développement. Mais n’omettons pas le fait que la supervision s’inscrit aussi dans une finalité qui, outre le développement des coachs, vise à délivrer une prestation la meilleure possible au service des clients finaux. Ces quelques lignes pour tenter de cerner le concept ne sont pas étrangères à mon propos. Le qu’es aco du titre inclut implicitement le quoi et le pour quoi, le premier étant au service du second. Le coaching étant une expertise de process, entre autres, et non de métier (pas celui du client en tout cas), il ne peut s’autoriser aucune certitude définitive. Le coach en situation navigue nécessairement dans un monde d’options : rebondir sur telle information plutôt que sur telle autre, interpréter un signe ou un creux dans le discours – ou l’ignorer, choisir tel mode d’intervention ou tel autre, privilégier l’échange ou mettre le client en mouvement, reformuler ou confronter, etc. Les choix possibles sont sans limites. Et dans cette « danse » avec son client (personne ou collectif), le coach apporte – importe ? – tout ce qu’il est, tout ce qu’il sait, tout ce qu’il peut. Mais jusqu’où est-il lucide ? Jusqu’à quand est-il pertinent ? Peut-il prétendre toujours choisir la meilleure option pour le client, libre de ses propres déterminants, fort de ses ressources et conscient de ses limites ? Que gagne-t-il à partager et que peut-il s’autoriser à taire ? Est-il chaque fois en mesure de manœuvrer entre les nombreux écueils d’ordre déontologique auxquels sa relation client inévitablement le confronte ? Non, bien sûr. La supervision, individuelle ou collective, qu’elle emprunte au champ psychanalytique, mette le focus sur l’interpersonnel ou privilégie l’approche systémique, tente de répondre à ces questions. Et, avec le temps – je le crois, elle y parvient. Mais, évidemment, le flux des interrogations sur sa pratique de coach et ses axes de développement ne s’interrompe jamais, et donc le besoin de supervision, censément, non plus. C’est plutôt une bonne nouvelle, et pas que pour les superviseurs, non ? Questionnaire à choix multiple Supervision et analyse des pratiques professionnelles, ouvrage coordonné par Dominique Fablet, article « Intersubjectivité et conceptualisation en supervision » par Suzanne Nadot et Sandra Bruno, p.37 – Ed. L’Harmattan (2013). Coaching Supervision Academy – www. coachingsupervisionacademy.com, article « Supervision de coachs : tendances, idées et définitions récentes » – article d’ Edna Murdoch et Fiona Adamson (2012).  

La posture de coach : un lieu commun ? Pas tant que ça…

La posture, dans un métier d’accompagnement, est l’attitude intérieure dynamique dans laquelle se tient – et se maintient – l’accompagnant. Cette attitude intérieure est à la fois mentale, émotionnelle et physique. Elle est dynamique en ce qu’elle est en adaptation permanente par rapport à la personne accompagnée, à la situation et au contexte de travail, à ce qui se passe dans la relation, et en résultante à ce qui est en mouvement à l’intérieur de l’accompagnant lui-même. La posture n’est donc maintenue qu’au prix d’une vigilance permanente à ce qui survient pendant l’acte d’accompagnement. En coaching, la posture mentale consiste au premier chef à entrer – et rester le plus possible – dans une attitude de non jugement, nécessaire à l’établissement d’une alliance de travail faite de confiance mutuelle et de bienveillance. Elle inclut aussi l’entretien de croyances positives sur soi-même et sur l’autre, et notamment celle que la personne accompagnée a en elle les ressources pour gagner en autonomie sur la problématique traitée (et trouver elle-même les solutions pertinentes pour répondre à son questionnement).Elle est faite enfin de curiosité, de capacité d’étonnement, d’ouverture à la différence (acceptation et respect) et d’humilité. On ne parlera pas ici de posture émotionnelle, mais les émotions sont partie intégrante de la posture parce qu’elles influent sur elle et supposent d’être « administrées ». La posture du coach n’est pas qu’un état mental, mais aussi la résultante d’un rapport à ses émotions. Le coach « tient » sa posture en accueillant, en reconnaissant et en gérant les émotions qui le traversent pendant son accompagnement. L’attitude intérieure physique enfin ne consiste pas en la posture corporelle, mais en ce rapport que le coach est à même d’entretenir avec les signaux que son corps lui envoie en situation. La connaissance de son propre corps et le développement d’une capacité d’écoute à son égard est également un élément qui détermine la posture. La posture du coach engage donc la totalité de son être – pensées, émotions, réactions physiques. Elle relève d’un « état d’être » en relation, de qualités personnelles, d’une capacité de présence à soi-même, à l’autre, et à ce qui se passe en situation, qui s’acquiert au travers d’un cheminement personnel, fait de parcours de vie et de travail sur soi. Le professionnalisme du coach tient donc au moins autant à sa capacité d’accéder à la posture adéquate, qu’il a appris à avoir et à tenir, qu’à ses compétences opératoires développées au travers de la maîtrise de concepts et d’outils. Si l’on acquiert cette posture au fil du temps, par la pratique, les formations professionnalisantes, une supervision régulière, cela reste pour autant un chemin de développement, une vigilance permanente en situation d’accompagnement. Un long et passionnant chemin.

La posture du coach

La posture, dans un métier d’accompagnement, est l’attitude intérieure dynamique dans laquelle se tient – et se maintient – l’accompagnant. Cette attitude intérieure est à la fois mentale, émotionnelle et physique. Elle est dynamique en ce qu’elle est en adaptation permanente par rapport à la personne accompagnée, à la situation et au contexte de travail, à ce qui se passe dans la relation, et en résultante à ce qui est en mouvement à l’intérieur de l’accompagnant lui-même. La posture n’est donc maintenue qu’au prix d’une vigilance permanente à ce qui survient pendant l’acte d’accompagnement. En coaching, la posture mentale consiste au premier chef à entrer – et rester le plus possible – dans une attitude de non jugement, nécessaire à l’établissement d’une alliance de travail faite de confiance mutuelle et de bienveillance. Elle inclut aussi l’entretien de croyances positives sur soi-même et sur l’autre, et notamment celle que la personne accompagnée a en elle les ressources pour gagner en autonomie sur la problématique traitée (et trouver elle-même les solutions pertinentes pour répondre à son questionnement).
Elle est faite enfin de curiosité, de capacité d’étonnement, d’ouverture à la différence (acceptation et respect) et d’humilité. On ne parlera pas ici de posture émotionnelle, mais les émotions sont partie intégrante de la posture parce qu’elles influent sur elle et supposent d’être « administrées ». La posture du coach n’est pas qu’un état mental, mais aussi la résultante d’un rapport à ses émotions. Le coach « tient » sa posture en accueillant, en reconnaissant et en gérant les émotions qui le traversent pendant son accompagnement. L’attitude intérieure physique enfin ne consiste pas en la posture corporelle, mais en ce rapport que le coach est à même d’entretenir avec les signaux que son corps lui envoie en situation. La connaissance de son propre corps et le développement d’une capacité d’écoute à son égard est également un élément qui détermine la posture. La posture du coach engage donc la totalité de son être – pensées, émotions, réactions physiques. Elle relève d’un « état d’être » en relation, de qualités personnelles, d’une capacité de présence à soi-même, à l’autre, et à ce qui se passe en situation, qui s’acquiert au travers d’un cheminement personnel, fait de parcours de vie et de travail sur soi. Le professionnalisme du coach tient donc au moins autant à sa capacité d’accéder à la posture adéquate, qu’il a appris à avoir et à tenir, qu’à ses compétences opératoires développées au travers de la maîtrise de concepts et d’outils. Si l’on acquiert cette posture au fil du temps, par la pratique, une dynamique de formation continue, une supervision régulière, cela reste pour autant un chemin de développement, une vigilance permanente en situation d’accompagnement.

Civilisé, moi ?

L’oiseau est sorti de nulle part. Il s’est envolé là, juste devant moi, s’éloignant au ras du sol dans le prolongement du sentier. Je l’ai aussitôt imaginé dans mon viseur, anticipant les écarts prévisibles de sa trajectoire. Les quelques secondes qu’il a mis à s’échapper ont semblé comme prises dans le tamis d’un temps épaissi. Et dans cette poignée de battements d’ailes au ralenti, ma lucidité était décuplée et ma détermination totale. J’aurais eu un fusil, je l’aurais abattu. Mais je n’avais pas de fusil. Je n’en ai jamais eu. J’abhorre la chasse, et à peine moins la pêche. Il faut peu me pousser pour penser que chasser est une survivance d’une humanité primale. Car il ne s’agit plus depuis longtemps dans nos contrées surpeuplées et sur-bâties de tuer pour survivre ou de prélever un tribu pour communier avec une nature à laquelle on sait appartenir, notions bien éloignées des pratiques de chasse en vigueur désormais. Ce n’est plus qu’un loisir. Et qu’ôter la vie puisse être une source de plaisir m’est profondément étranger. Pourtant, comme venant du tréfonds de moi, une pulsion avait surgi. Dans le cœur de cette forêt, au sein de cette nature à peu près préservée, baigné de ce calme qu’offrent les promenades loin de la ville, paisible en mon for intérieur, recueilli presque, il a suffi que cet oiseau fuit sous mes yeux pour que la première pensée qui me traverse soit celle d’un beau carton à faire. Un scénario tout prêt était là, qui s’est imposé à moi, avec une étonnante précision, une surprenante disponibilité. Me délecter de la beauté de l’instant, cette fois-là, n’a pas même été une option. Je ne culpabilise pas, mais je m’interroge. Réflexe atavique ? Culture télévisuelle ou influence vidéaste ? Certes, la pensée de l’acte n’est pas l’acte, et être « civilisé » consiste justement à rester dans le cadre d’un contrôle social appris. C’est pourquoi, en démocratie du moins, nulle pensée n’est interdite, et seuls les actes sont susceptibles d’être considérés comme répréhensibles. Être humain, non comme un état mais comme une qualité d’être, consiste-t-il à savoir réfréner ses instincts et ses pulsions ? Ou peut-on espérer atteindre un état d’être qui soit au delà d’eux ? Le psychologue, le sociologue, le pénaliste, le philosophe et tant d’autres défendront la première thèse, au moins par défaut. Le méditant préférera croire en la seconde. Bien des méditations m’attendent encore…