Auteur : Olivier Raynal-Benoit

Des bouts de chemin à partager... Coacher consiste pour moi à accompagner une personne ou une équipe pour favoriser sa croissance vers une plus grande autonomie, en cohérence avec ses buts et finalités. Au niveau des organisations, le coaching vise à développer l'intelligence managériale et collective. J’aime contribuer à ouvrir des chemins vers un mieux-être (ensemble), un espace pour multiplier les options et libérer l’action. Coach, mais aussi superviseur et gestalt-thérapeute, j’accompagne les personnes et les collectifs à développer leur conscience de comment mieux « être au monde ».

La posture du coach

La posture, dans un métier d’accompagnement, est l’attitude intérieure dynamique dans laquelle se tient – et se maintient – l’accompagnant. Cette attitude intérieure est à la fois mentale, émotionnelle et physique. Elle est dynamique en ce qu’elle est en adaptation permanente par rapport à la personne accompagnée, à la situation et au contexte de travail, à ce qui se passe dans la relation, et en résultante à ce qui est en mouvement à l’intérieur de l’accompagnant lui-même. La posture n’est donc maintenue qu’au prix d’une vigilance permanente à ce qui survient pendant l’acte d’accompagnement. En coaching, la posture mentale consiste au premier chef à entrer – et rester le plus possible – dans une attitude de non jugement, nécessaire à l’établissement d’une alliance de travail faite de confiance mutuelle et de bienveillance. Elle inclut aussi l’entretien de croyances positives sur soi-même et sur l’autre, et notamment celle que la personne accompagnée a en elle les ressources pour gagner en autonomie sur la problématique traitée (et trouver elle-même les solutions pertinentes pour répondre à son questionnement).
Elle est faite enfin de curiosité, de capacité d’étonnement, d’ouverture à la différence (acceptation et respect) et d’humilité. On ne parlera pas ici de posture émotionnelle, mais les émotions sont partie intégrante de la posture parce qu’elles influent sur elle et supposent d’être « administrées ». La posture du coach n’est pas qu’un état mental, mais aussi la résultante d’un rapport à ses émotions. Le coach « tient » sa posture en accueillant, en reconnaissant et en gérant les émotions qui le traversent pendant son accompagnement. L’attitude intérieure physique enfin ne consiste pas en la posture corporelle, mais en ce rapport que le coach est à même d’entretenir avec les signaux que son corps lui envoie en situation. La connaissance de son propre corps et le développement d’une capacité d’écoute à son égard est également un élément qui détermine la posture. La posture du coach engage donc la totalité de son être – pensées, émotions, réactions physiques. Elle relève d’un « état d’être » en relation, de qualités personnelles, d’une capacité de présence à soi-même, à l’autre, et à ce qui se passe en situation, qui s’acquiert au travers d’un cheminement personnel, fait de parcours de vie et de travail sur soi. Le professionnalisme du coach tient donc au moins autant à sa capacité d’accéder à la posture adéquate, qu’il a appris à avoir et à tenir, qu’à ses compétences opératoires développées au travers de la maîtrise de concepts et d’outils. Si l’on acquiert cette posture au fil du temps, par la pratique, une dynamique de formation continue, une supervision régulière, cela reste pour autant un chemin de développement, une vigilance permanente en situation d’accompagnement.

Civilisé, moi ?

L’oiseau est sorti de nulle part. Il s’est envolé là, juste devant moi, s’éloignant au ras du sol dans le prolongement du sentier. Je l’ai aussitôt imaginé dans mon viseur, anticipant les écarts prévisibles de sa trajectoire. Les quelques secondes qu’il a mis à s’échapper ont semblé comme prises dans le tamis d’un temps épaissi. Et dans cette poignée de battements d’ailes au ralenti, ma lucidité était décuplée et ma détermination totale. J’aurais eu un fusil, je l’aurais abattu. Mais je n’avais pas de fusil. Je n’en ai jamais eu. J’abhorre la chasse, et à peine moins la pêche. Il faut peu me pousser pour penser que chasser est une survivance d’une humanité primale. Car il ne s’agit plus depuis longtemps dans nos contrées surpeuplées et sur-bâties de tuer pour survivre ou de prélever un tribu pour communier avec une nature à laquelle on sait appartenir, notions bien éloignées des pratiques de chasse en vigueur désormais. Ce n’est plus qu’un loisir. Et qu’ôter la vie puisse être une source de plaisir m’est profondément étranger. Pourtant, comme venant du tréfonds de moi, une pulsion avait surgi. Dans le cœur de cette forêt, au sein de cette nature à peu près préservée, baigné de ce calme qu’offrent les promenades loin de la ville, paisible en mon for intérieur, recueilli presque, il a suffi que cet oiseau fuit sous mes yeux pour que la première pensée qui me traverse soit celle d’un beau carton à faire. Un scénario tout prêt était là, qui s’est imposé à moi, avec une étonnante précision, une surprenante disponibilité. Me délecter de la beauté de l’instant, cette fois-là, n’a pas même été une option. Je ne culpabilise pas, mais je m’interroge. Réflexe atavique ? Culture télévisuelle ou influence vidéaste ? Certes, la pensée de l’acte n’est pas l’acte, et être « civilisé » consiste justement à rester dans le cadre d’un contrôle social appris. C’est pourquoi, en démocratie du moins, nulle pensée n’est interdite, et seuls les actes sont susceptibles d’être considérés comme répréhensibles. Être humain, non comme un état mais comme une qualité d’être, consiste-t-il à savoir réfréner ses instincts et ses pulsions ? Ou peut-on espérer atteindre un état d’être qui soit au delà d’eux ? Le psychologue, le sociologue, le pénaliste, le philosophe et tant d’autres défendront la première thèse, au moins par défaut. Le méditant préférera croire en la seconde. Bien des méditations m’attendent encore…