Dans un monde où l’urgence du changement se fait de plus en plus pressante, Stephan Schwartz[1] propose une voie singulière, fondée non sur la force ou la confrontation, mais sur la non-violence, la compassion et l’« être-té » — ce noyau intime de cohérence entre ce que nous sommes, pensons et faisons.
Assister au discours de Martin Luther King, « I Have a Dream », fut pour Schwartz un tournant fondateur. Il y découvre une question centrale : quels sont les mécanismes par lesquels une poignée de personnes peut, sans violence, faire advenir des changements sociaux profonds et durables ?
Son travail de chercheur et d’historien l’a conduit à identifier 8 lois du changement[2], toutes issues de l’analyse rigoureuse de mouvements réussis dans l’histoire humaine : de Gandhi à la chute du mur de Berlin. Ces lois ne sont pas des recettes miracles, mais des règles de cohérence intérieure et collective, qui permettent à chacun, à son échelle, de devenir acteur de la transformation individuelle et mondiale.
Les 8 lois du changement selon Stephan Schwartz
- Partager une intention commune : qu’elle soit personnelle ou collective, l’intention donne la direction au changement.
- Ne pas avoir de préférence en matière de résultats : on agit sans s’attacher à l’issue, dans une forme de lâcher-prise actif.
- Accepter que les objectifs puissent ne pas être atteints de son vivant : le changement dépasse l’individu et s’inscrit dans une temporalité plus vaste.
- Renoncer à la gloire personnelle : l’action juste se suffit à elle-même, sans attendre reconnaissance ni statut.
- Considérer chaque personne sur un pied d’égalité : quelles que soient sa culture, sa fonction ou son origine, chacun a la même dignité.
- Renoncer à toute violence, en pensée, en parole ou en acte : c’est la condition pour que le changement soit durable.
- Aligner vie personnelle et posture publique : la cohérence entre ce que l’on prône et ce que l’on incarne est indispensable.
- Agir toujours avec intégrité et bienveillance : sans cela, le changement génère sa propre ombre.
L’« être-té » comme socle d’action
Au cœur de ces principes se trouve une notion subtile mais essentielle : l’« être-té », que Schwartz reprend de Gandhi. Ce terme désigne la nature de votre caractère : ce que vous êtes, votre manière d’être, la cohérence intime entre vos actes, vos choix, votre regard sur les autres et vous-même. C’est ce noyau invisible mais perceptible qui rend votre action crédible, contagieuse, inspirante.
L’« être-té » n’est ni performance, ni posture morale. C’est un art de la présence, un engagement silencieux mais profond. Et c’est aussi cela qui, selon Schwartz, favorise un changement réellement transformateur.
Le rôle de chacun dans l’unité du vivant
La vision de Schwartz repose sur une autre intuition forte, désormais appuyée par les sciences contemporaines : nous sommes interconnectés. Nos choix individuels, jusqu’aux plus anodins, contribuent à façonner un champ collectif. Agir à partir de son être, c’est aussi influencer un système beaucoup plus vaste.
Il ne s’agit pas seulement de stratégie sociale, mais d’une manière nouvelle de comprendre la transformation : de l’intérieur vers l’extérieur, du subtil vers le visible. Il ne suffit pas de protester : il faut incarner. Il ne suffit pas de vouloir : il faut vibrer en cohérence.
Loin des injonctions héroïques ou des luttes acharnées, la voie proposée par Stephan Schwartz est exigeante mais radicalement humaine. Elle invite à changer en demeurant fidèle à soi, à créer sans imposer, à agir dans la justesse plutôt que dans la puissance.
En temps de crises, cette perspective ouvre un chemin précieux : celui d’une transformation porteuse de sens, de paix, et de durabilité.
[1] Stephan Schwartz est un pionnier de l’archéologie intuitive, professeur à l’université de Saybrook, responsable du groupe cerveau, esprit, soin au Samueli Institute chercheur au Cognitive Sciences Laboratory (laboratoire des sciences cognitives), membre de la fondation BIAL. Depuis 40 ans, il étudie la nature de la conscience, et plus particulièrement son aspect indépendant de l’espace et du temps.
[2] « Les 8 lois du changement – Devenez acteur de la transformation individuelle et mondiale », Ed Guy TREDANIEL 2019