Etre “le meilleur du monde” ou Etre le meilleur “pour le monde”

Le « prendre soin du bien commun » monte à l’affiche du grand théâtre de nos organisations. On parle maintenant de “responsabilité regénérative”, de permaentreprise, d’organisation partagée ou cellulaire…

Fake news ? Effet de mode ? Ou tendance véritable? Il semblerait que le concept de leadership continue son évolution. L’urgence des enjeux et crises à venir en serait l’heureux initiateur.

Ce que cela voudrait nous dire
Bien au-delà de l’idée de contribuer à l’intérêt général, un mouvement semble inviter les dirigeants à « prendre soin », pour avoir un impact positif global. Il ne s’agit plus d’intervenir de façon contextuelle pour limiter l’impact négatif de telle ou telle pratique mais au quotidien de savoir prendre soin en même temps de soi, de son équipe, des parties prenantes de l’organisation, et de la planète.
Ce n’est pas rien quand on sait toutes les injonctions et conditionnements qui nous fondent. Et ce n’est pas sans faire peser une pression de plus sur les acteurs de la transformation.

L’intégration du concept de « perma entreprise »
Sylvain Breuzard, Pdg fondateur de Norsys (entreprise à mission de 750 personnes), par son concept de « perma entreprise » reprend les principes éthiques de la Terre pour les appliquer à l’humain :
1. Prendre soin de la spécificités de « l’Essence » de chaque humain,
2. Prendre soin de la Terre, matrice nourricière première,
3. Fixer des limites
4. Et partager les surplux.
Ce qui signifie un leadership qui prend en compte le Vivant en premier.
La sphère économique devient totalement imbriquée à la sphère du vivant (12 chefs d’entreprises en témoignent).
Une responsabilité sociétale qui protège les acteurs économiques autant que la planète.

Les conséquences sur l’individu leader
« Prendre soin » est un phénomène qui remet l’individu dans son pouvoir et sa responsabilité.
L’état interne du leader doit donc être au centre : en état de stress, le leader ne peut être ni centré, ni humble, ni disponible et ni intuitif.
Le « prendre soin » de sa propre dimension physique et psychique pour investir dans le bien être des collaborateurs et cultiver le mindset collaboratif pour des relations vivifiantes, devient une nécessité.

La vigilance : ne pas en faire une nouvelle exigence de « leader performant ».
Gare à ne pas à nouveau confondre «savoir prendre soin et être responsable» et « devoir être parfait et sous contrôle ».
Tout humain, aussi leader soit-il, a ses limites et c’est grâce à cette humilité là qu’il pourra reconnaitre et œuvrer avec les limites des autres et celles de notre planète.
Leader responsable ne signifie pas ici celui qui porte tout le poids, mais celui qui permet qu’une réponse éthique (« Ethos » en grec signifie : le comportement juste) soit apportée à la situation/contexte du réel qui se présente.

En cela, encore une fois il m’apparait que l’approche Elément Humain créée par Will SCHUTZ est tout à fait avant-gardiste et contribue à soutenir cette nouvelle génération de leader qui émerge.
Mais aussi « le travail qui relie » de Joanna Macy et bien d’autres courants qui aident les leaders à contacter leur intériorité et mettent en avant confiance, responsabilité et ouverture du cœur.

1 – La permaentreprise : un modèle viable pour un futur vivable inspiré de la permaculture,
Sylvain BREUZARD ed Eyrolles 2023

2 – « L’Elément Humain » : comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance », ed Intereditions 2006

3 – Témoignages de dirigeants sur l’expérience « Elément Humain » : https://humanart.fr/formation/#eh

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