Il est une fois…
C’est l’histoire d’un article de blog né de la rencontre d’un équipage de facilitateurs, coachs professionnels, chargées de formation, formateurs, superviseurs. Histoire qui commence au moment où cet article ne sait pas encore qu’il traite de la diversité, de l’inter-culturel et d’autres mots tels que ceux en image. Il ne sait pas non plus quelle forme il a, retour d’expérience, controverse philosophique, article d’information, jeu de mots, poème lyrique, théorie de la pratique, promotion de nos services…
Donc il est une fois un équipage d’une quinzaine de professionnels qui se réunissent une journée en janvier 2025, comme tous les ans. C’est un moment de retrouvailles et de trouvailles, avec du temps, des pas de côté, des séquences émotions et des bons petits plats. De quoi se rencontrer d’avantage, approfondir la connaissance de nos métiers, de nos services et de nos expériences concrètes. De quoi nourrir le sens du collectif, la continuité de la ligne éditoriale, l’authenticité de l’esprit d’équipage.
A la fin de cette journée, en bons cordonniers bien chaussés, notre « sticky wall » regorge d’idées, de propositions et de plans d’actions, avec des noms d’équipiers associés. Parmi tous ces « post-it », nous sommes une poignées à s’être inscrits autour de la proposition « Rédiger 2 articles Blog Collectif + Continuer les republications LinkedIn ». Comme souvent après ces moments de retrouvailles et de bonnes décisions, les agendas reprennent le dessus du quotidien et il s’écoule plusieurs semaines avant de se retrouver autour de notre proposition d’article de blog collectif.
Cette fois nous sommes en distanciel sur la plateforme de Développer les talents. Nous n’avons pas d’ordre du jour, pas de plan, pas de « dead line ». Nous avons un objectif avec l’envie d’y aller, une poignée de co-auteurs, du temps, et oh allez, un soupçon de méthodologie et de réflexes pour faciliter l’émergence de l’intelligence collective 😉 Et c’est ainsi que s’ouvre la réunion : « Saluuut alors comment ça va ? Quoi de neuf depuis l’autre fois ? Oh ben moi je reviens de vacances, et patati et patata, et au fait qui c’est qui a réfléchi à notre article là ? …. » Et voilà la trame qui se déroule sans aucune préparation sous nos yeux ébahis :
La restitution du processus de discussion créative de 65 minutes :
- 05min. Inclusion : c’était quoi et comment nos précédentes vacances ?
- 05min. Point de situation : qu’avons déjà réfléchit / cherché pour cette rédaction ?
- 10min. Résonances sur le point de situation.
- 30min. Ouverture à la divergence à partir des mots clés repérés dans les résonances.
- 05min. Convergence : chacun de nous partage ses points remarquables / inspirations qui émergent => orientés actions concrètes à proposer à l’équipage pour une rédaction collective d’un article de blog.
- 05min. Synthèse du plan d’action, qui fait quoi ?
- 05min. Déclusion : comment avons-nous vécu ce moment de discussion à sur ce sujet ?
Le plan d’actions en restitution de la discussion :
- Compilation des mots-clés et création d’un nuage de mots
- Récupérer et assembler tous les mots-clés issus de notre résonance (en s’appuyant sur les notes et l’enregistrement).
- Créer un nuage de mots sous forme d’image, en collaboration avec Romane.
- Envoi à Franck pour le 04/03.
- Rédaction et publication d’une invitation
- Franck rédige une invitation pour expliquer le concept de cadavre exquis, les modalités d’envoi et la « dead line ».
- Il nous l’envoie afin que nous puissions voir ensemble d’éventuelles modifications.
- Date de publication à définir.
- Collecte des contributions
- Rania récolte les envois des membres de l’équipage.
- Centralise dans un document partagé avec Marguerita et Franck.
- Jusqu’à la date de la « dead line ».
- Réflexion sur la rédaction d’un article récapitulatif
- Objectif : retracer l’ensemble du processus. [Oui, finalement nous décidons de rédiger 1 article qui rassemble le récit de la rédaction et l’article et la production du cadavre exquis par l’équipage (*)]
L’invitation envoyée à l’équipage :
Cher @equipage, oyé oyé ! 📯
En vous laissant porter par un des courants générés lors de notre journée d’équipage en janvier à la Capitainerie, vous êtes invités à un cadavre exquis dont voici la simplissime modalité : utiliser tout ou partie des termes du nuage de mots(**) en image de ce poste [sur le fil d’actu interne de l’équipage], pour composer et envoyer par email, à Rania Bouali , un texte d’environ 108 mots, soit l’équivalent du présent paragraphe, _ qui _ raconte _ votre _ point _ de _ vue _ professionnel, _ ou _ un _ bout _ de _ votre _ expérience _ professionnelle, en rapport avec l’intégration de mots et d’expressions de différentes langues, et/ou, l’apport de la pluralité culturelle dans vos métiers, dans notre équipage, et dans les entreprises.
Votre > prose > la > plus > spontanée > dès > réception > est > attendue > afin de faire échouer fin mars cet exquis cadavre sur une plage numérique où il pourra profiter d’un long séjour à admirer le passage des navigateurs ⛵
Les six articulations du cadavre exquis produit par l’équipage (***) :
Tel un vent murmure à l’oreille des âmes,
Le coach éveille, attise la flamme.
Dans la symphonie des voix intérieures,
Il fait vibrer les cœurs en chœurs.
Sa parole danse en résonance,
Tissant l’éclat d’une convergence.
Là où s’égarent doutes et peurs,
Il insuffle la confiance en douceur.
Sous son regard, mille chemins s’ouvrent,
Entre divergence, élan qui découvre,
Et l’inspiration, étoile fidèle,
Guidant l’être vers l’essentiel.
Dans un monde aux mille couleurs,
Où le souffle multiculturel effleure,
Il célèbre la diversité, l’échange,
L’énergie vive, l’âme qui flambe.
Équilibriste entre ombre et lumière,
Il sculpte l’instant, tisse l’éphémère,
Offrant au temps, par un doux présage,
L’éveil subtil d’un grand partage.
En 2017 et 2018, j’ai eu la chance de travailler avec un collègue qui était Argentin. Nos différences de cultures ont été un vrai moteur pour travailler sur notre activité commune : j’ai souvent entendu « vous êtes bizarres vous les Français ». Cette réflexion a permis des échanges, du partage pour comprendre où étaient nos divergences et en tirer des convergences. J’ai beaucoup aimé l’énergie que cela apportait ! Je suis convaincue qu’une équipe multiculturelle peut beaucoup apporter au collectif : inspiration, apprentissages, remise en cause, curiosité. Encore faut-il que cette diversité existe. Alors si ce n’est pas le cas, allons la chercher !
S’enrichir des différences est un moteur puissant.
Échange en tête à tête ou conversations en grand collectif, la diversité est source d’inspiration et d’apprentissages.
Diversités multiculturelle, intergénérationnelle, divergence de points de vues permettent de s’épanouir.
Dans l’écoute et la curiosité, les différences se révèlent de manière subtile, les résonances font réfléchir et évoluer individuellement et collectivement.
Vivre des activités communes pour aller vers un objectif élargissent notre compréhension et attention les uns aux autres et génèrent envie, énergie, action et satisfaction. Le chemin de confiance se construit pas à pas et vient solidifier nos liens et notre capacité à surmonter l’imprévu. Il enrichir notre amour de nous-même et de l’autre, des autres.
J’ai pratiqué la facilitation dans différents pays et différentes cultures. Cela m’a permis de constater de la diversité des codes culturelles : ceux qui rendent incompréhensibles un « NON » explicite dans certains pays, alors que dans d’autres, si le « NON » n’est pas formulé explicitement il n’existe pas, par exemple. Ces codes qui multiplient aussi les opportunités d’avoir des regards très différents sur un même sujet, et ce que cela peut générer comme opportunité pour le collectif. Mais ce que je retiens surtout, c’est que dans toutes les situations, il y a un point commun : l’individu, l’humain au centre, et son énergie. Celle-là, elle ne change jamais 😊
Les créoles sont les plus belles langues que je connaisse. Car nous sommes tous créoles ! 😁 Le créole que je connais le mieux est le créole réunionnais. Une rencontre, une composition de plusieurs langues, européennes, africaines, asiatiques, moyen-orientales. Doté d’une joyeuse tendance à nommer les choses de façon poétique. Fénoir : la nuit. Ladilafé : commérages. Na demoune ? : il y a quelqu’un ? Je crois que cet héritage dans mon éducation a facilité ma capacité à écouter la pluralité, la variété des points de vue, des positions, dans une équipe, un collectif, et souvent dans une personne ! Je dis bien, pluralité plutôt que différence…
À la pause déjeuner, autour de la table, le grand collectif se forme sans effort. Ce moment simple devient un moteur de résonance, un espace où les différences s’écoutent et se racontent. On partage bien plus que des plats : on partage des racines, des histoires, des mots… Un jour, on apprend ensemble que le mot « toubib » vient de l’arabe… L’autre, on découvre « fissa » qu’on utilise parfois sans savoir qu’il signifie « vite » en arabe dialectal. Ce mot a aussi fait naître un bel échange intergénérationnel : les plus jeunes l’utilisent rarement, alors que d’autres en gardent un usage affectif. Ces moments sont de vrais apprentissages, portés par l’envie et une belle énergie. C’est là que je m’épanouis dans cette ambiance multiculturelle, pleine de partage.
La conclusion de cet article « multipass » :
Il était une fois un article qui ne savait pas encore ce qu’il deviendrait… Né d’une rencontre, d’un élan, d’un équipage. Chemin faisant, il s’est laissé traverser par les voix, les silences, les cultures et les idées. Et peu à peu, il est devenu récit à plusieurs mains, souffles commun, reflet d’une intelligence collective vivante et en mouvement.
Ce cadavre exquis, nourri de nos mots et de nos mondes, témoigne de cette force discrète qu’est la diversité. Celle qui bouscule, inspire, relie, transforme. Celle qui, loin d’être un simple thème, s’incarne dans nos pratiques, nos postures, nos échanges.
Alors si ce texte avait une vocation, ce serait peut-être celle-ci : rappeler, partager, que la pluralité ne se décrète pas, elle se cultive, et elle se danse. Dans les écarts, dans les langues entremêlées, dans les regards qui s’écoutent. Et c’est là, dans cette poésie du lien, que l’esprit d’équipage trouve sa véritable résonance, source de son diapason.
Les remerciements aux poètes de la diversité, de l’inter-culturel et du partage :
Antoinette, Franck, Karine, Laurent, Marguerita, Marie, Rania, Romane
(*) Au final il y a bien deux articles Blog Collectif dont le premier posté s’intitule : Tout commence souvent sans y penser
(**) Devinez-vous par qui et comment ce nuage de mots est apparu ???
(***) Alors ? Qui est l’auteur de chacune des ces articulations exquises ?