Auteur : Franck Sinimalé

Au cours de 25 années de projets techniques pour l’industrie et le tertiaire, ma sensibilité m’engage au service de la qualité des relations humaines et professionnelles. C’est en premier lieu sur le terrain de l'entreprise que j’expérimente intuitivement la résistance au changement. Ma quête de sens, les rencontres et les formations m’orientent vers le métier “d’accompagnant du changement”. En ce sens, je conjugue depuis 2010 des pratiques telles que le Kototama (mouvements corporels et sons vocalisés, famille de l’Aïkido), l’Hypnose Clinique, le Travail par la Voix (approche psycho-corporelle), le Coaching individuel et d’Équipe, l’Accompagnement par le Toucher (pratique kinesthésique), le Groupe de Codéveloppement Professionnel, la Facilitation des Dynamiques Collectives.

De l’intérêt de la médiation corporelle dans l’accompagnement

Sur la base de l’expérience de terrain : la médiation corporelle, de quoi il s’agit et ce qu’elle apporte dans les pratiques d’accompagnement comme le coaching professionnel, la facilitation des dynamiques collectives, la formation. Médiation corporelle, qu’est-ce que c’est ? Au sens large, pour le praticien, il s’agit de considérer et de tenir compte du corps de la personne qu’il accompagne. Disons qu’il y a des considérations incontournables et intégrées de fait. Par exemple il est nécessaire de disposer d’un lieu, d’une pièce à bonne température, avec un éclairage convenable, etc. Et puis d’une chaise, d’un fauteuil. De l’eau, un verre, une boîte de mouchoirs, parfois du papier et des crayons. Sans en avoir l’air, tous ces éléments tiennent compte du fait que la personne accompagnée vit dans et vient avec son corps ! On pourrait en rester là. Ce sont souvent des considérations suffisantes. Mais déjà, avec ces éléments incontournables, selon l’approche du praticien ou à certaines phases, il est possible de « jouer » par exemple pour fluidifier ou soutenir davantage le processus d’accompagnement. Et oui, pourquoi ne pas jouer avec le confort de la chaise par exemple ? Je me rappelle les propos d’un de mes mentors qui nous suggérait : « Si vous trouvez que votre client a tendance à s’assoupir et que cela dessert le travail en cours, vous pouvez lui proposer de prendre des vacances et de revenir quand il sera plus en forme. Vous pouvez aussi lui indiquer, plutôt que votre fauteuil le plus confortable, ce vieux tabouret de tout bancal, voire de rester debout pendant la séance ! ». Dans cette situation caricaturale (quoi que…) le corps dudit client devient un média pour l’aider à se maintenir en état d’éveil. Une autre façon de faire appel au corps, c’est d’inviter la personne accompagnée à constater ou à se questionner sur ce qui se passe physiquement pour elle. D’où viennent vos douleurs ? Votre pied qui bouge là, que vous dit-il ? Quand vous pensez à votre réunion codir de la semaine prochaine, avec le sujet délicat que vous allez aborder, que ressentez-vous physiquement ? Cette fois-ci, on pourrait dire que le corps de la personne accompagnée est sollicité comme un complice entre elle et le praticien. Un média complice. Une façon pour la personne accompagnée d’obtenir des informations sur son état, ses dispositions, sur ce qui se mobilise en elle, dont elle pourrait tenir compte pour élaborer sa stratégie par exemple. De fait, pour stimuler, ou complice, on pourrait donc dire qu’il existe « des » et pourquoi pas une infinité de formes de médiations corporelles, avec divers intérêts, divers effets recherchés, pour aider, améliorer, rendre plus efficiente telle ou telle pratique d’accompagnement. Je parle plus loin d’une médiation corporelle qui considère la personne tout entière. Pour les besoins de l’écriture, je la nommerai médiation corporelle intégrative. En quoi la médiation corporelle diffère des autres approches ? La réponse dépend de ce que nous appelons « approches ». Je différencierais pratiques et approches. Ces deux termes englobent des champs d’ordres différents. Pour donner des exemples de pratiques je citerais : le coaching professionnel, la facilitation des dynamiques collectives, le groupe de codéveloppement professionnel, la formation. Des exemples d’approches seraient : pédagogique, intellectuelle, psychologique, cognitive, corporelle, sensorielle, logique, etc. Mixer les pratiques peut s’avérer compliqué mais pas impossible. On peut imaginer une séquence pédagogique dans une séance de coaching. Et vice versa. Par contre on peut dire à coup sûr que la plupart des pratiques font appel à plusieurs approches. Donc sollicitent plusieurs aspects et facultés de la personne. Par exemple pour apprendre du vocabulaire dans une langue étrangère, on va (faire) écouter et prononcer chaque mot avec trois tonalités : chuchotée, parlée, fredonnée. Ou encore, tenir une conversation sur un sujet particulier tout en prenant un verre ou en réalisant une tâche simple. Dans ces deux exemples de la pratique de l’enseignement, nous retrouvons au moins les approches pédagogique, intellectuelle, sensorielle et relationnelle. Selon la demande et le type d’intervention, il m’arrive de concevoir et de faciliter des ateliers entièrement basés sur l’approche par médiation corporelle, ou d’hybrider avec des apports théoriques ou pédagogiques, ou encore de solliciter la mise en jeu corporelle de façon ponctuelle ou fugace, sans nécessairement l’expliciter si ce n’est pas utile. Bref, je dirais que, dans mon approche, la médiation corporelle diffère des autres approches car je considère que le corps contient tout de la personne. Par conséquent, par la médiation corporelle, je m’adresse et je sollicite la personne tout entière. Une proposition que je ferais, une indication que je donnerais, mettra simultanément en mouvement tous les aspects, physique, cognitif, émotionnel, etc, de la personne. Je décris plus loin une façon de faire cela. De l’intérêt de la médiation corporelle « intégrative » À partir de maintenant je parlerai d’une médiation corporelle que je qualifie d’intégrative, qui considère la personne tout entière. C’est-à-dire avec une considération non fragmentée de la personne. Dans cette approche, la personne n’a pas des idées comme-ci, une compréhension comme ça, des émotions ci, une attitude comme ça, une histoire telle que, un projet ceci, un profil X, une tendance Y, etc. Dans cette approche dite intégrative, la personne ou le groupe, sont considérés comme un tout. Ses idées, sa compréhension, ses émotions, etc, sont les différentes formes et couleurs d’un paysage qu’il s’agit de contempler tout entier, d’un seul tenant. Considérer la personne, le groupe, comme un tout, c’est « voir d’un seul tenant tous en même temps tous les aspects de cette personne, du groupe » et, accompagner ce qui se passe là maintenant en eux. Ce qui se passe à l’intérieur d’eux, y compris comment ils vivent ce qui se passe en eux, comment ils pourraient avoir envie de le vivre ou s’en saisir différemment. Autrement dit, cette médiation corporelle intégrative, est une façon de considérer le corps de la personne comme le résultat, la convergence actuelle de toute son histoire, de toute sa situation ici et maintenant, de tout le projet qu’elle est là en train d’actualiser. En ce sens, le corps est considéré à la fois comme le réceptacle et la manifestation de ce que la personne vit, de ce qu’elle est, comme elle est, et de ce qui est en train de se passer en elle, dont elle a plus ou moins conscience. C’est à ce « tout là » que s’adresse le praticien qui s’emploie à la médiation corporelle. L’intérêt de la médiation corporelle intégrative est pluriel. Premièrement : liberté et autonomie. Dans la pratique, concernant la proposition faite à la personne d’expérimenter quelque chose, c’est bien la personne qui enclenche son expérimentation. Ce n’est pas le praticien qui fait quelque chose sur la personne. A part la soutenir si besoin, ce qui se fait « à côté » plutôt que « sur » la personne. Deuxièmement : globalité et immédiateté. Ce que la personne expérimente va impacter tout son paysage. Tout ce qu’elle est. En une seule fois, en un instant, c’est immédiat. Et elle va s’en rendre compte par elle-même. Troisièmement : ancrage et pérennité. Ce que la personne aura expérimenté sera intégré spontanément, elle saura le retrouver quand bon lui semblera. Quatrièmement : respect et changement. Cette découverte n’est pas nécessairement spectaculaire, mais tout son paysage étant au moins légèrement modifié en accord avec ses dispositions du moment, il en découlera que toutes ces actions ultérieures auront une teinte légèrement différente. Ce qui peut produire des changements notables à plus ou moins long terme dans sa façon de faire, dans sa façon d’être, dans toutes ces relations, dans son quotidien, ou dans à sa situation. Pour illustrer ces intérêts j’utilise souvent la métaphore de l’équilibre en vélo. Si vous le voulez bien, remémorez-vous le moment, ou de la période de votre vie, où vous avez perçu en vous la sensation d’équilibre sur votre vélo, si besoin, prenez votre temps … … … Revenez à maintenant là tout de suite, ressentez en vous cette sensation d’équilibre et constatez par vous-même que, même sans vélo, vous savez où elle se situe. Vous la sentez là quelque part en vous. N’est-ce pas ? Oui, vous pouvez la recontacter, instantanément. Maintenant. Essayez, si vous voulez. 1. Ce jour-là, vous étiez sans doute accompagné, mais c’est bien vous qui avez enclenché le processus d’équilibre en vous. 2. Le moment de votre prise de conscience de votre équilibre s’est produit une fois pour toutes, et a changé de façon indélébile toute votre perception de vous-même dans votre corps. 3. Depuis le moment de cette découverte vous avez pu retrouver votre équilibre à chaque fois que vous êtes monté sur un vélo, sans même vous demander si vous saviez encore le faire. 4. Cette expérience d’équilibre à vélo a modifié toutes vos représentations et toutes vos attitudes au regard d’une quantité incroyable de choses en vous et autour de vous. Comment « ça marche » la médiation corporelle ? En fait ça marche très bien ! En tout cas dans le corps des personnes accompagnées ça marche très bien. Ce qui doit nécessairement être en bon état de marche, c’est la perception de l’accompagnant et sa capacité à indiquer quoi et comment faire. C’est vraiment et uniquement à cet endroit-là de la médiation corporelle qu’il s’agit de développer ses capacités pour l’accompagnant. Percevoir chaque personne ou le groupe accompagné comme une seule « chose », en une seule perception, et à partir de cette perception uniquement, indiquer quoi et comment faire. Oui, c’est là que se loge la question de « comment ça marche ? » la médiation corporelle. Ce qui se passe dans le corps de la personne reste au final un certain mystère. Et de mon point de vue c’est très bien ainsi. Par contre, en tant qu’accompagnant, je dois absolument me rendre compte de ce qui se passe en moi. Et plus précisément, je dois discerner dans ma sensorialité, les sensations qui viennent de mon corps de celles qui sont induites par la relation avec la personne et ce à chaque moment de l’accompagnement. Peut-être est-ce plus facile à dire qu’à faire, mais à faire comprendre ça devrait le faire. Imaginez-vous avec un ballon de baudruche à l’intérieur de vous. Toutes les sensations que vous sentez à l’intérieur du ballon sont celles de votre corps. Certaines sensations que vous sentez à la surface du ballon peuvent venir de la relation avec la personne que vous accompagnez, donc potentiellement elles peuvent esquisser ce qui se passe pour elle, en elle. Oui je sais, dit comme ça, ça à l’air d’être de l’à-peu-près de beaucoup de doute. Mais, avec de l’équipement, de l’entraînement et une bonne connaissance de son équipier, on arrive facilement à des perceptions étonnantes et particulièrement aidantes pour accompagner par ou avec, un peu de médiation corporelle. L’équipement ce sont nos cinq sens et surtout notre attention, comme un sixième sens, qui permettra peut-être de capter le septième, le ressenti, le huitième, l’empathie, et le neuvième, l’intuition, etc. L’entraînement ce sont toutes les pratiques et techniques qui musclent assouplissent et jouent avec nos sens. Il existe tant de pratiques, culturelles, sportives, culinaires, bien-être, artistiques, etc. Mon conseil : choisissez les plus simples et les plus ludiques pour vous. Et surtout, faites comme vous le sentez ! Si vous débutez, commencez plutôt par jouer avec vos sens dans des situations avec peu d’enjeu dans la relation. Enfin l’équipier, évidemment c’est soi-même, indulgence, doute, confiance, humour, challenge, chacun sa façon de faire équipe avec sa sensorialité, sa sensibilité, son intériorité. Un exemple d’exercice ludique pour percevoir une personne d’un seul tenant en utilisant vos sens : dans l’ordre qui vous convient, regardez-la, détaillez et nommez les détails. Puis observez tous les détails en même temps comme lorsque vous contemplez un beau paysage. Pour ladite personne, à vos débuts, ça pourrait lui faire bizarre de se sentir observée de la sorte ! Mais avec l’entraînement, cette façon d’observer s’inscrit dans votre registre d’attitudes naturelles. Ensuite, tendez l’oreille, écoutez les mots, le sens des phrases, les tonalités, la texture de sa voix, les froissements de ses vêtements. Puis, écoutez d’un seul tenant tous les détails auditifs qui proviennent d’elle, comme lorsque vous écoutez un orchestre symphonique. Maintenant que vous avez une perception du paysage et perception de la musique, associez les deux perceptions pour n’en faire qu’une. Écoutez-regardez en même temps. Puis faites de même avec vos autres sens. Avec le goût il ne s’agit pas d’aller goûter la personne ! Mais vous pouvez avoir des saveurs gustatives… expérimentez. Les odeurs font aussi partie de la danse. Quant au toucher, accueillez votre ressenti, pas celui qui vient avec des mots, mais celui que vous ne percevez qu’avec des sensations en vous. Au final, vous percevez toutes vos sensations d’un seul tenant, et c’est avec votre attention que vous pourrez commencer à vous intéresser aux sensations à la surface du ballon de baudruche… Normalement, au cours de cet exercice au début, vous devriez ne plus très bien comprendre ce qui passe et/ou ce que vous percevez. Comme une perte de repère. Zone de turbulence. C’est bon signe. Cela veut dire que vous n’êtes plus autant attentif à vos représentations, vos critères de classifications, votre processus cognitif permanent de comparaison et d’identification de ce que vous observez ou entendez. J’aime me dire que notre cerveau, notre cœur et notre corps réapprennent à coopérer… La perte momentanée de contrôle des sens est un passage nécessaire pour découvrir un autre équilibre dans votre perception. Votre attention flotte un peu, et petit à petit émerge une autre représentation, uniquement sensorielle, pas de mots, rien qu’une sensation, a priori un mélange d’un seul tenant de perceptions de vous-même et de la personne tout entière en face de vous. C’est cette sensation là, un peu nébuleuse, que vous pouvez aussi suivre avec votre attention. Et avec suffisamment d’entraînement, vous pouvez rester en contact avec cette « sensation d’un seul tenant » et avec votre compréhension habituelle, plus logique, objective, rationnelle. D’une part pour commencer à discerner les sensations qui viennent de votre corps de celles qui pourraient venir de l’autre personne, d’autre part pour indiquer à la personne que vous accompagnez, quoi et comment faire pour qu’elle rencontre ce qui se passe pour elle et en elle à ce moment là, et qui pourrait peut-être l’aider à passer un cap, prendre conscience de quelque chose qui ne sera peut-être évident que pour elle, et pourquoi pas pour qu’elle trouve un moyen en elle de s’engager dans son processus de transformation, si tel est ce qui se propose pour elle. Dans mon approche, à cet endroit là, il faut, vraiment être très humble et l’aide consiste à laisser la personne découvrir par elle-même. Ce qui n’est pas de tout repos ni sans prise de risque pour lui proposer des mouvements, des respirations, des façons de poser son observation, etc. Après… chacun sa méthode. J’obtiens des résultats puissants (pas spectaculaires ni extraordinaires, mais plutôt simples et directs) en aidant les personnes à prendre conscience de ce qui se passe en elles. Comme des repères ou des processus efficients qui se produisent en elles. Comme l’équilibre à vélo ! Alors voilà, que diriez-vous d’une médiation corporelle qui aiderait à identifier et s’approprier des repères physiques, des ressentis, qui serviraient par exemple : à rééquilibrer un inconfort émotionnel dans un futur rendez-vous à fort enjeu ; à enclencher une prise de conscience sur un savoir faire relationnel déjà disponible en vous ; à entraîner des postures relationnelles telles que l’empathie, l’assertivité, le leadership ? Des repères et des processus, spontanément reconnus par la personne accompagnée, acquis pour elle, réutilisables et adaptables à sa volonté… Qui peut proposer une approche par la médiation corporelle ? Tout le monde. Cela va de la maman qui prend dans ses bras son bébé, au coach sportif en passant par le collègue de bureau, et j’en passe. Les animaux sont aussi des alliés efficients et souvent troublants, voire bouleversants. Je pense à l’équi-coaching, la plongée avec les dauphins, le comptage des oiseaux, etc. Certaines activités avec des végétaux peuvent aider par médiation corporelle également, cultiver un potager, étudier la botanique, planter des arbres ou grimper dedans, etc. Et en général toutes les activités en milieu naturel. En fait, je dirais que la médiation corporelle est accessible à tous, puisque nous vivons tous dans un corps. Il n’y a que de limite que la profondeur, le discernement et l’agilité que chacun connaît avec sa sensorialité. Vous aurez sans doute remarqué que j’en reste à l’aspect « perception pour accompagner » par la médiation corporelle et que je n’aborde pas l’aspect « indiquer quoi et comment faire afin d’accompagner » par la médiation corporelle. Aussi je fais l’impasse sur « qu’est-ce qui se passe dans le corps » accompagné par médiation corporelle, il faudrait pouvoir percevoir depuis l’intérieur non ?!? Il me semble que l’intérêt « pluriel » de la médiation corporelle est posé et que les premiers pas vers une perception sensorielle favorable à l’accompagnement sont déjà conséquents. Matière à décantation au moins pour le rédacteur ! Ce n’est pas une mince affaire (pour moi) que de mettre des mots compréhensibles, logiques et pragmatiques, sur une expérience sensible, sensorielle et non moins technique qui ne se vit qu’au moment présent. Ceci dit, une prochaine fois, je m’exercerai sûrement à écrire ici comment je fais pour « indiquer quoi et comment faire » afin d’accompagner par la médiation corporelle. Il me faudra repartir de la perception sensorielle, en tout cas de mon approche nécessairement singulière… Quoi qu’il en soit, je vous souhaite de belles découvertes en vous et dans vos accompagnements, et si le cœur vous en dit, partagez vos questions, vos échos, vos trucs et astuces, nous sommes toujours partants chez Développer les talents pour nous enrichir des différences ! Article connexes : Les 3 E dans le rôle de facilitateur en équipe de co-facilitateurs La “posture miroir” du coach Lien entre sensations, émotions, présence Une place rien qu’à soi?

Lien entre sensations, émotions, présence

Ce qui fait lien c’est l’attention. Notre faculté d’attention. C’est à dire notre capacité à jouer avec la focale de notre attention et de tenir, maintenir, poser, notre attention sur quelque chose. Un objet, une partie de notre corps, un but, une lecture, une idée, un concept, un souvenir, une sensation, une émotion, une impression, une intuition, un état d’être, etc. L’émotion est une des conséquences physiologiques d’être en relation avec notre environnement, ce qui est une façon de dire que nous baignons en permanence dans nos émotions. Petites ou grandes, discrètes, interdites, subtiles, jouées, appréciées, détestées… nous sommes parcourus en permanence par une variété infinie d’émotions. Nos cultures, nos éducations, les conventions, notre personnalité, notre connaissance de nous-même, influencent notre aisance et notre capacité à vivre et tenir compte de nos émotions, des plus spéculaires aux plus infimes. L’émotion est la messagère naturelle d’un besoin fondamental qui émerge en nous à un instant T et elle mobilise l’énergie dans notre corps pour passer à l’action en vue de satisfaire ce besoin. En tournant notre attention vers les sensations produites dans notre corps par une émotion, nous pouvons accueillir son message et son énergie pour agir en vue de satisfaire notre besoin. Ce besoin fondamental est le nôtre, il est souverain. Personne d’autre que nous-même ne peut l’identifier. Personne d’autre que nous n’est en mesure de l’empêcher, de le nier ou de le détourner. Dans le cadre professionnel, il s’agit de formaliser l’expression de ce besoin ainsi que nos agissements pour le satisfaire, et ce, en respect et en cohésion avec le cadre, les enjeux, les possibilités de notre contexte professionnel. Quant à la présence… Présence à soi, présence à l’autre. Présence à ce qui se passe au moment où cela se passe. Une des façons d’envisager l’accès à notre état de présence maximum, est d’avoir répondu à nos besoins du moment. Quand nos besoins du moment sont satisfaits, il reste notre présence entièrement disponible à la situation et/ou la relation du moment. Notre présence est disponible à « ce qui est là », c’est à dire que nos facultés et nos ressources naturelles sont disposées à se mobiliser spontanément et de façon appropriée. Certains de nos équipiers chez Développer les talents considèrent que l’attention est la première compétence des métiers de la relation d’aide (dirigeant, manager, coach, soignant, enseignant, agent de sécurité, formateur, facilitateur, etc). Et que la voie corporelle est la plus rapide et efficace pour capter et explorer cette compétence. C’est pourquoi nous proposons des ateliers à médiation corporelle d’une journée, dédiés à la découverte ou à l’approfondissement de ce lien entre sensations, émotions, présence. Ces ateliers se déroulent dans des lieux particulièrement adaptés, par exemple comme un dojo. Toutes les séquences proposées dans cette journée, ont pour but de nous placer dans des conditions favorables pour exercer notre attention et pour chacun de (re)découvrir des leviers, des raccourcis, des évidences pour cheminer entre ses sensations, ses émotions, en vue de s’ouvrir à sa présence, approfondir ses appuis internes, en découvrir de nouveaux, et avoir envie / trouver un moyen, de les transposer dans sa pratique professionnelle.

Et si la facilitation insufflait un langage « commun » ?

Préambule Point de départ Pour notre rencontre d’équipage mensuelle via notre plateforme de visio (BigBlueButton), Franck propose un atelier d’interview-rédaction collective pour produire un article de blog. Un atelier qui serait réalisé en « intelligence collective à organisation spontanée » – donc sans pré-pa-ra-tion ! A posteriori, voici comment cet atelier s’est déroulé au fil de l’eau inclusion : photolangage, nous avons choisi une carte pour illustrer et décliner ce qui nous tient à cœur dans nos interventions / activités Développer les talents cadrage : s’organiser là maintenant à nous 12 en visio, pour choisir comment produire, dans l’heure 1/4 qui suit, une rédaction collective d’un article pour notre blog en utilisant comme support notre cloud et nos outils d’écriture collaborative (OnlyOffice), avec comme proposition de départ, l’interview d’un facilitateur au sujet d’une récente intervention organisation trouvée tous ensemble en 1/4h en mode pop-corn-rétention-des-idées-qui-génèrent-de-l’adhésion-de-l’envie : – 1 pool interviewers – 1 pool transcripteurs – on change les rôles au bout d’1/4h – l’interviewé peut renvoyer une question au groupe en cours d’interview deux points d’organisation émergent : – pour clore l’interview, un debriefing où, chaque équipier fait écho à ce que nous venons de faire et vivre ensemble : relate une expérience, partage son sentiment, son ressenti, son analyse, tout cela viendra enrichir le contenu de l’article comme des éclairages croisés – clôture de l’atelier : ce que vous regretteriez de ne pas avoir dit maintenant Remarquons sur ce déroulé Attention : la « recette » ci-dessus n’est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, nous soulignons que nous avons pensé jouable le « sans préparation » en nous reposant sur le fait qu’il s’agit d’un groupe de professionnels rompus aux techniques de facilitation en intelligence collective, ça aide. Interview et rédaction collaborative Quel est le contexte de l’intervention de formation ? Il s’agit d’une intervention auprès d’une association de réinsertion/préinsertion pour des personnes en difficulté sociale et économique. Cela se passe à Colmar en présentiel dans les locaux de l’association. L’association compte une soixantaine de salariés, en CDD de 24 mois, financé par le Fond Social Européen. L’objectif de ces 24 mois est de se réhabituer au rythme de travail, et de s’insérer dans le travail dans la société française. Après 24 mois, les salariés peuvent accéder à l’emploi et/ou à des formations via Pôle Emploi. L’intervention s’adresse à un groupe de 10 personnes retraitables, entre 56 et 63 ans, 5 femmes, 5 hommes. Cette intervention s’inscrit dans le cadre de l’information et la préparation à la retraite sous forme d’une formation de 2 jours. Un intervenant santé permet d’accompagner les stagiaires à imaginer comment prendre soin de sa santé pour « être en forme demain ». Un intervenant « expert retraite » éclaire les stagiaires sur les dispositifs administratifs et légaux. Qu’est ce qui s’est passé de particulier lors de ces 2 jours ? Les 2 jours étaient particuliers. Ce qui était particulier : parmi les 10 personnes, 5 non francophones – 6 langues différentes. Deux membres du groupe ont assuré la traduction pour les non francophones (6 langues différentes !) Nous avons réussi à nous débrouiller et à nous comprendre « tous ensemble ». Malgré l’impact du temps de traduction, nous avons déroulé tout le programme ! Et les participants ont atteint les objectifs des ateliers ! 🙂 Les experts ont réussi à s’adapter et à réduire le contenu de leurs interventions. Quelle a été ta première réaction lorsque tu t’es rendu compte que la moitié de la salle ne parlait pas français ? Première réaction de réflexe : je me suis automatiquement recentré. J’ai été ramené ici et maintenant, particulièrement centré. J’ai mis mon déroulé sur le côté et j’ai décidé de le reprendre quand je me sentirai moi-même en contact avec chacun des membres du groupe. Temps de l’inclusion pour que chacun soit présent et prêt à participer. Une inclusion prévue de 5’ a duré 50 minutes. Comment tu l’as vécu et quels sont tes enseignements ? J’ai adoré cette expérience. J’ai fait ce que j’aime vraiment faire, je suis allé à la rencontre des gens, au contact. Cela m’a rempli. Notre façon [chez Développer les talents] de faire le déroulé pédagogique est très agile. J’ai pu déplacer et intervertir des blocs au fur et à mesure de l’avancement de la formation. J’ai éprouvé les fondamentaux de la facilitation. Cela tient la route même avec des personnes dites « inadaptées ». Quels sont les fondamentaux qui t’ont le plus servi ? Les règles et les droits. Recadrer les interruptions vis à vis des uns et des autres. Les consignes simples et précises (notamment pas de rebonds sur les feed-back de chacun) les redire et expliquer tant qu’une personne à un doute. L’alternance position haute et basse avec des positions extrêmes. Par exemple en position basse, je me suis payé le luxe de sortir de la salle après avoir vérifié que chaque petit groupe était lancé et autonome. Et par ailleurs en position haute, j’ai été très cadrant, en position de sachant et/ou d’interdisant, toujours dans une forme d’expression bienveillante et responsabilisante (non-infantilisante). Accepter et tenir la grown/groan zone. Jusqu’à ce que quelque chose en sorte ! Être particulièrement déterminé pour aboutir à chaque récolte intermédiaire et à la récolte finale. Comment as tu constitué les groupes vis à vis des barrières de langue ? Les personnes qui ne pouvaient pas se passer de traducteur n’ont jamais été séparées. A t’entendre, y’avait plus de barrière de langue… ? Vers la moitié du 2ème jour, je me suis rendu compte qu’ils se parlaient avec un dictionnaire qui n’existe pas. Ils ont l’habitude de travailler ensemble mais ils ont un vocabulaire qui est aussi gestuel, comportemental, tout à fait efficient pour se comprendre les uns les autres. Comme des enfants qui sont en vacances, qui parlent chacun dans leur langue et qui se comprennent ! Qu’as tu utilisé comme outil ? Une boussole pour déterminer une projection de la vie à la retraite. Pour chaque atelier de partage, demander de prendre un papier et écrire en temps individuel avant de partager, pour gagner du temps et partir d’une matière déjà élaborée. Malgré tout ce qui s’est passé, vous avez atteint vos objectifs. C’aurait été quoi ne pas les atteindre ? J’ai d’abord réussi à tenir mon rôle de facilitateur. Je les ai laissé produire. C’est les stagiaires qui ont atteint l’objectif. Chacun est reparti en ayant fait la synthèse de ce qu’il avait collecté et produit durant ces 2 jours et a raconté son récit. Puis je les ai questionné sur l’action concrète du premier pas qu’ils allaient engager pour leur retraite. Le client, l’équipe des encadrants, m’ont avoué après qu’ils ne pensaient pas que ça marcherait… de leur point de vue à eux l’objectif a été dépassé. Des exemples de ce avec quoi ils sont partis ? Ex : grandes vacances / continuer à travailler / m’occuper plus de mes petits-enfants / entraide avec les gens autour de moi / remettre en place une entreprise individuelle car je vois qu’on est tous capables de travailler encore à la retraite / je vais prendre du repos, continuer les relations d’entraide et je vais arrêter de fumer / trouver une personne pour m’aider à faire le tri entre ma situation et les aides / … Quels sont les moments clés de ta propre facilitation qui ont fait la différence pour que ça fonctionne ? Ta question m’invite à observer mon fil rouge, qui me dit quand « là je suis à ma place ». C’est une sensation pour moi : que je suis en contact, en relation avec le groupe, avec sa dynamique, et tant que je n’ai pas eu cette sensation, j’ai continué à blinder le process d’inclusion. J’ai noté que les personnes repérées comme les plus septiques, sur la défensive, ont changé de comportement, à un moment donné elles se sont sentis concernées. J’ai continué à observer. Les plus timides ils font quoi ? Ah et cette dame là, elle poserait peut-être bien une question, je lui demande. Oui elle tend la perche ! Etc. A un moment donné chacun s’est senti concerné à son niveau, et c’était parti pour la dynamique de groupe. Ça je le repère par rapport à une sensation. Si je ne me sens pas à ma place, j’y travaille en live avec le groupe. Qu’est-ce qui a changé pour toi entre avant et après ? Je suis encore en train de digérer cela. Sur 2 plans : Le plan pratique de ma technique professionnelle : j’ai confiance dans le processus, je l’ai éprouvé, je sais comment aller le chercher et adapter ma propre posture. Ça je crois qu’à partir d’aujourd’hui je peux me dire que c’est dans la boîte. Sur le plan sociétal, par rapport à la différence de culture… dans la culture française le coaching et certaines formations ne concernent que les managers et certains niveaux hiérarchiques. Et je me dis que non, en fait cela marche pour tout le monde ! Même ceux sans ressource. Grosses différences dans les conclusions et les résultats par rapport aux salariés d’autres entreprises, disons avec une retraite assurée. Dans ce groupe là, avec une retraite plus qu’incertaine, tous prévoyaient une continuité sociale d’entraide. Aucun n’avait une vision « juste pour lui » de sa retraite. => Nos outils ont la capacité à répondre à tous les niveaux sociaux. La sélection de verbatim des participants en fin de stage vaut mieux qu’un long discours Nous travaille ensemble depuis longtemps, nous pas connaître comme ça comme aujourd’hui. Toi [le formateur] tu fais passer nous comme si même langue et sans disputes religions, politiques, mon pays ton pays. Je découvre chacun ici différent et nous rencontre vraiment. Passé deux jours très bien. On a même pleuré. On va pas oublier ce stage. J’ai reçu une préparation de retraite pour vivre, pour communiquer. Merci pour tous les copains. J’ai trouvé grande tranquillité. C’est facile d’être humain. Je trouve tout le monde ici sympa. Comment ça se passe pour chacun nous sommes différents. Là j’ai bien mémoirisé [oui, parfaitement, mémoirisé!] tout le monde, et la force de chacun, le sentiment de toucher le cœur de chacun. Knowledge. Tout le monde très gentil. I miss you. Des petites captures des uns par les autres verbatim de Franck à la volée « J’ai vécu un truc de ouf : ils parlaient avec un dictionnaire qui n’existe pas » antibabel ! « Je suis d’abord revenu à moi même, pour ensuite être en mesure d’aller vers chacun d’eux » « J’ai réussi à tenir mon rôle, et les stagiaires ont réussi à atteindre l’objectif » idées clés pour titre et sous titres Et si la facilitation insufflait un langage « commun » ? Redevenir humain devant l’écoute et la bienveillance Retrouver le lien avec son humanité Effet miroir d’une situation ingérable Se sentir le droit d’être Offrir … Quand sentir et dire : Je suis vivant ! je suis libéré ! Toucher le cœur Être et mettre en sécurité Écho du partage Débriefing à chaud des équipiers sur cet atelier interview-co-rédaction Au delà des langues parlées les uns les autres, il y a la langue de la facilitation, un langage qui permet de communiquer ses sentiments, ses émotions. Jusqu’ici, j’ai refusé de faciliter avec des personnes qui ne parlaient pas français. Ton expérience, Franck, m’a fait changé d’avis. une écoute de ta part absolument magique, tu étais là pour eux l’inclusion leur a permis de comprendre cela rapidement cela a donné l’élan on devrait parfois y passer plus de temps d’écoute, y compris avec des personnes intellectuellement cortiquées Ce qui m’a touché le plus, c’est de voir que tu as pu te recentrer sur l’essentiel Comment tu abordes, avec cette situation, tu es blindé tu as parlé du levier des règles et des droits Ça m’est arrivé d’avoir des personnes qui faisaient des retours « c’est juste simple la vie quand tout d’un coup y’a pas de pression, et qu on parle de manière tranquille et bienveillante » La règle de St Benoît : Cela me fait penser aux bénédictins qui ont une règle : avoir le droit de transgresser du moment qu’on s’en rend compte et qu’on le partage idem méta-règle en systémique Permettre dans un commandement hiérarchique, de dire quelque chose qui va à l’encontre – cf article d’Hélène. Comment on te ramène toi, à l’endroit ou sa te touche c’est normalement pas tellement gérable, c’est un miroir de ce qu’ils vivent eux tu t’écartes de ce que tu as prévu, et tu fais une priorité : faire que chacun se sente bien c’est ça le sens de la facilitation : ce n’est pas l’outil, c’est la position du facilitateur, qui fait la différence, un tempo d’ouverture, de lien, tu as été avec, tu as permis de te laisser toucher toi, et aux autres de se laisser toucher eux le résultat, c’est une émanation de ça. Se sentir le droit d’être J’ai été marquée par le fait que d’habitude tu travailles avec des cadres. Cette occasion de te positionner sur une date pour faciliter t’a donné l’occasion de vivre en toute complétude la manière que tu as choisi de vivre ton métier de facilitateur. Une surprise mutuelle de ce que tu as pu leur apporter et ce qu’ils t’ont apporté. Je me demandais ce que tu leur as dit du fait que « toi tu t’étais enrichi de ces 2 jours avec eux ». Qu’as tu ressenti après tout cela ? Je me suis senti comblé (même si c’est plus fort que cela aussi ) « un gros Kiffe ! ». Moi Djeneba, en t’entendant avec ta voix et en te regardant, je ressens comment tu as « kiffé » pour reprendre ton expression. Franck, c’est important de pouvoir venir le partager au grand groupe, c’est une partie de se qui est important pour moi. J’avais l’impression que cette formation était faite pour toi, cette aventure Je prends un point pour demain, de prendre plus de temps pour le démarrage du groupe. le dénominateur commun des formations et facilitations proposées par l’équipage : aider le groupe et les gens à retrouver le lien avec leur propre humanité, ce qu’on peut perdre dans l’action et les challenges je suis très touché, cela me fait bouger de manière inattendue je suis frappé par : pourquoi un client nous choisit, nous choisit pas ? au fin du fin, qu’est ce qui a fait que vous êtes satisfait, personne ne se réclame d’un outil ou d’une chapelle, à chaque fois c’est la qualité du lien qui fait la différence, notre capacité à faire alliance. La capacité de Franck à revenir à soi-même pour être pleinement présent pour revenir à chacune des personnes. J’ai kiffé, c’est le mot du jour. Ton doux, religieux, tout en concentration. Je t’ai senti pleinement vivant, ici et maintenant. tu nous as partagé la sécurité de se reposer sur le processus, être là, me recentrer sur « je suis vivant », c’est une autre manière Ce que je regretterais de ne pas avoir dit avant de partir de notre rencontre d’équipage… « sois libre quand tu fais tes facilitations, mets le lien avec le groupe avant tout » « il me manquait un morceau dans cette histoire, et nous venons de le vivre ensemble » « sur des expériences aussi fortes, le partage écrit ne permet pas d’être en lien autant qu’on vient de le faire – très heureux de vivre ces moments d’équipage » « la manière même dont Franck propose l’expérience me met en sécurité » « les 2h qu’on vient de passer, il y a caisse de résonance, d’en faire quelque chose dans nos cœurs, et caisse de résonance d’en faire quelque chose Franck » « on continue de travailler sur le cœur du facilitateur, y a pas grand chose de plus intéressant pour toucher le cœur des participants » « en parlant de l’humain dans notre échange, mon expérience Cap 60 depuis tout ce temps, j’emporte avec moi ma posture de facilitatrice et je l’adopte avec attention dans toute ma vie, ça m’enrichit, ça me rend meilleure, j’étais ouverte ainsi à la rencontre et à la relation pendant mes interventions de formation et même avec les personnes que j’ai rencontré en chemin (ma logeuse en B&B – les 3 personnes qui m’ont prises en auto-stop » j’ai vécu des rencontres incroyables » « quand tu parlais, les questions qui me venaient, qui sont ces gens, des hommes des femmes, des accents, des odeurs, des corps pour que je m’occupe des gens. Sur la notion du cœur du facilitateur, il est facilement plein de peur à chercher à se rattraper à la barre. Les gens ont peur, d’abord ! » BIBLIOGRAPHIE POUR ALLER PLUS LOIN Fantasme et formation, de René Kaës, Didier Anzieu, Louis-Vincent Thomas Méta-étude sur la qualité du lien qui fait la différence en psychothérapie : https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2012-1-page-77.htm https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2015-3-page-237.htm L’empathie, au cœur du jeu social : https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2011-3-page-20.htm? L’entraide, l’autre loi de la jungle, de Pablo Servigne, avec Gauthier Chapelle

(Trans)Formation à la facilitation des dynamiques collectives

Introduction C’est l’histoire d’une formation qui transssssforme ! Pour certains rôles, il ne suffit pas de connaître son texte, le scénario, les techniques de diction et de gestuelle. Disons que cela suffit pour occuper la scène, mais pas nécessairement pour émouvoir le public. Il en va de même pour le facilitateur de dynamiques collectives pour qui il ne s’agit pas (nécessairement) d’émouvoir, mais d’aider le « public », ici le collectif, à se mouvoir… A se mobiliser, à contribuer, à produire ensemble l’émergence de ses eurêka. Ces eurêka sont bien souvent supérieurs à la somme des solutions individuelles et particulièrement porteurs de l’engagement du collectif. Cela fait déjà plusieurs années que j’interviens en entreprise en tant que facilitateur en intelligence collective. Je connais bien les étapes de cette intervention. Cadrage, conception, animation, debriefing. Pourtant, quand je prends connaissance de la formation sur 11 jours « facilitateur de dynamiques collectives » avec à la clé une certification… je me dis : et pourquoi pas ? Réviser les bases, mettre à jour mes connaissances, assouplir et étendre mon savoir faire, confronter ma pratique, en découvrir d’autres, satisfaire le processus de l’amélioration constante de ma pratique, etc. Et pourquoi pas rencontrer de nouveaux pairs ? Et pourquoi pas une cer-ti-fi-ca-tion ! De cette histoire je partage ici une des belles surprises de cette formation, car je crois bien pouvoir dire que, tous nivaux d’expérience confondus, facilitateur débutant, aguerri ou expert, nous vivons encore plusieurs semaines après notre certification, les effets dynamisants de cette (trans)formation. Transformation par la rencontre et la coopération A la première heure du premier jour de formation, nous sommes immergés dans la pratique avec comme support pédagogique… nous-mêmes les apprenants ! D’entrée de jeu nous nous retrouvons sur la voie royale de la facilitation : trouver une certaine qualité et agilité dans la relation à soi, à l’autre, au groupe, dans l’ici présent. Certes, dans tous les métiers d’accompagnement, la qualité de la relation est primordiale, avec des spécificités pour chacun. En voici quelques-unes qui de mon point de vue illustrent certains aspects de la posture du facilitateur en vue de garantir le cadre et le pilotage du processus de la facilitation : Exemples de lieux d’observation de la posture Exemples de moyens d’agir sur sa posture Exemples d’impacts visés Interne observation tournée vers soi Ressenti et regard intérieurs : émotions, état mental, niveau du moral, tonus physique, impression, intuition. Centrage par la respiration. Observation, écoute et réflexivité : de ce qui se dit, se fait, où en est-on de la facilitation, de la dynamique du groupe, quels sont les prochains pas et l’attitude adaptée pour y aller, etc. Check et niveau de fluidité avec son co-facilitateur. Se sentir à l’aise en soi et disponible au groupe. Poser sa légitimité et induire la sécurité, la confiance et l’engagement. Gérer son énergie. Être à 100 % avec son binôme co-facilitateur. Nourir une qualité de présence. Se comporter de façon exemplaire et modélisant. Externe observation tournée vers le groupe L’écoute et l’observation. L’écoute et l’observation. L’écoute et l’observation. Le regard, le comportement physique, le port et l’intonation de la voix. La clarté et la fluidité dans l’expression de la présentation, des consignes, des transitions, des feed-backs, des méta-communications, des recadrages. Jonglage entre la posture haute et la posture basse. L’enthousiasme et le jeu de scène. Tenir le cadre. Piloter le processus. Établir le réseau de ponts et de tunnels coopératifs entre facilitateur et groupe, entre les membres du groupe, entre le groupe et l’institution/le commanditaire. Dynamiser le groupe vers l’atteinte des objectifs et lui offrir les conditions du vécu des intentions. Déclencher des dialogues et des discussions de qualité entre les membres du groupes, l’aider dans sa maturité et son autonomie. Prendre soin de la récolte et des engagements. Spatial observation de l’occupation du lieu La façon d’habiter le lieu. Les déplacements dans la salle. La distance, le contact, l’effacement vis-à-vis du groupe. Les invitations faites au groupe pour occuper la salle, se placer ici ou là. Au bon moment au bon endroit. Donner aux corps la place et la liberté des rythmes pour respirer, entrer en mouvement, s’approprier, inter-agir, éprouver, produire, se poser, incarner et exprimer. En bref, travailler et vivre sur le cheminement de la question centrale. Faire en sorte que le matériel nécessaire soit disponible « comme par magie ». Meta observation de ce qui « se passe » Que se passe-t-il dans ce qu’il est en train de se passer ? Combien de fois cela fait-il que le groupe revient au même point dans sa discussion ? En quoi ce moment, cette situation, ce que j’observe du groupe, me sollicite en tant que facilitateur ? Aider le groupe à se voir dans sa situation. Proposer une alternative à une situation du groupe qui tourne en une boucle ? Rester vigilant en tant que facilitateur à sa neutralité sur le contenu produit par le groupe. Donc, dans cette formation, les cobayes, c’est nous ! Plus exactement nous sommes à la fois cobayes, laboratoires et laborantins. En effet, la proposition pédagogique est de vivre les apprentissages au travers de la relation entre les apprenants. En tant que personnes, en tant que professionnels, en tant que facilitateurs, en tant que co-facilitateurs, en tant que commanditaire, en tant que groupe facilité dans les ateliers de pratique, entre pairs dans nos feed-backs, et même en tant qu’intervenant auprès d’un vrai client… (voir le chapitre plus bas « Transformation par l’expérience en situation réelle »). Garanti qu’avec cette gymnastique incessante entre nos différents rôles, postures, fonctions, il y a de quoi assouplir, diversifier et muscler nos capacités de rencontre et de coopération dans toutes les dimensions. En général, cela produit des bonnes journées de formation et les soirées sont bienvenues pour laisser faire la métabolisation 😉 Transformation par l’incorporation des concepts Entendu que certains concepts me sont déjà familiers, tels que objectifs et intentions de l’intervention de facilitation, question centrale, postures du facilitateur, méthodes de facilitation, consignes, rythmes (intervention, atelier, séquence, timing, etc), divergence, émergence, convergence, récoltes, feed-backs, itérations, etc. La revisite de ces concepts est rafraîchissante et de nouvelles façons de les mettre en œuvre redessinent des perspectives d’intervention. Dans cette formation certifiante de 11 jours sur 4 mois, l’approfondissement, et aussi de nouveaux concepts, ont suscité en moi la nécessité et l’envie d’élargir mes champs de connaissance et d’attention au groupe facilité. Notamment aux sujets des formes de gouvernance et des processus de décisions, des comportements en groupe, des stades de l’évolution d’un collectif, de la sociodynamique des acteurs, de l’approche systémique. Avec des moyens simples pour les évaluer et interagir concrètement auprès du groupe. Là encore, l’exploration de ces concepts est proposée de façon collective et ouverte à la discussion, au dialogue. Nous co-construisons les compréhensions et les sens qui s’en dégagent. Et puis nous expérimentons et nous appliquons à nous-mêmes les moyens d’évaluer et d’inter-agir ! Il en ressort une variété des repères et une culture, voire un appétit pour la richesse des différences. Qui plus est, les formateurs, oui, parlons-en un peu quand même 😉 les formateurs sont, dans leurs postures de facilitateurs. Ce qui nous donne à vivre la pédagogie par la facilitation et à observer et profiter très directement du « quoi » et du « comment » faire de la facilitation. Des formateurs facilitateurs très modélisants, merci encore à eux. De mon point de vue, incorporer un concept : c’est le vivre dans son corps, l’éprouver dans les relations et apprendre à le sentir dans le corps du groupe. Ce qui peut provoquer de l’incertitude, des doutes, de l’inconfort, bref, de la « groan zone » assurément ! La zone dans laquelle on grogne et dans laquelle on grandit… Et de constater que, jour après jour, exercice après exercice, essai-erreur après essai-erreur, semaine après semaine, notre perception et notre compréhension changent, jusqu’à savourer des « mais oui mais c’est bien sûr ! » des « c’est bon ça » et des envies pétillantes de passer à la mise en œuvre. Transformation par l’expérience en situation réelle Comme dit l’autre : le truc de fou ! J’évoque plus haut que nous sommes nous-mêmes, apprenants, le support d’apprentissage dans cette formation. C’est au travers des expérimentations des concepts, des moyens et des méthodes sur notre groupe d’apprenants, de nos observations et de nos feed-backs, que nous désapprenons le nécessaire et apprenons davantage le rôle à la fois subtile et très concret du facilitateur de dynamiques collectives. En termes d’intensité et de confrontation, l’approche expérientielle de cette formation offre de vrais cadeaux pédagogiques : le trac du débutant, le droit de se tromper, la possibilité de rectifier, l’accès à la vision et aux talents des autres, l’appropriation de ce qui fonctionne pour soi, les leçons tirées des couacs et la célébration des réussites. Une chose qui me touche particulièrement, c’est la rapidité, l’authenticité et la profondeur avec lesquelles la cohésion de notre groupe d’apprenants prend corps et s’engage dans l’action concrète. C’est déjà une situation belle et bien réelle pour expérimenter les leviers et les méthodes de facilitation abordés pendant ces 4 mois. [spoiler alert] Il se trouve que le truc de ouf… c’est le jour où les formateurs nous annoncent : « vous allez chacun trouver un groupe, avec une situation et une demande réelle, et lui proposer votre intervention de facilitation ». Oh ooh, comment ça trouver un groupe et lui proposer d’intervenir ? Vous voulez dire, lui proposer notre intervention pour de vrai ? « Oui c’est ça. Du cadrage de la demande à la récolte des objectifs, en passant par la conception et l’animation de l’intervention 🙂 ». Ah, mais alors, donc donc donc, libérer notre esprit, bien bien bien, li-bé-rons-notre-es-prit… Je ne vous dis pas à quel point ce jour-là le terme de formaction prend un sens et une consistance… hmm… consistante ! A partir de là, il me faudrait plusieurs articles pour tout raconter. Alors je fais bref : quelle énergie, quelle engagement, et surtout quelles surprises, de constater que notre dynamique collective de co-facilitateurs s’enclenche et produit le travail utile à la mise en œuvre… presque comme par magie. Presque, parce que il faut quand même trouver, assembler et animer les ingrédients, mais la recette fonctionne ! Et que dire de la richesse et de la pérennité des apprentissages « in real life » ? Le gâteau sur la cerise de cette formation c’est donc la rencontre avec un (vrai) commanditaire et une (vraie) situation de choix : le manager d’une équipe d’une trentaine de personnes, dans une très grand entreprise, en quête d’un accompagnement pour aider son équipe à prendre en main de nouvelles méthodes de travail coopératif. Et ça c’est très fort pour la mobilisation de l’intelligence collective de notre équipe de co-facilitateurs ! [/spoiler alert] Je n’écris pas la suite dans un prochain numéro, mais elle s’intitule : « Ou comment forger en devenant forgeron ! ». En résumé, cette situation réelle-là, intervenir auprès d’un client réel, nous permet de constater pendant plusieurs semaines, la solidité la souplesse et l’efficience de notre groupe de co-facilitateurs, des méthodes d’analyse, de conception et d’intervention, et aussi des effets de sécurisation, d’alliance et d’engagement produits auprès de notre client. Une formation, que dis-je, une Aventure dont tout le monde ressort grandi et enrichi durablement par l’expérience vécue ensemble. Conclusion Quelque chose qui donne envie d’aller plus loin ? Susciter le dialogue ? Les prochaines dates de la formation « Facilitateur de dynamiques collectives » ? Après cette (trans)formation je me rends compte que je suis beaucoup plus à l’aise avec moi-même et la complexité des relations dans le cadre de la facilitation, et ça c’est bon. L’autre face de cette même pièce, c’est la rencontre savoureuse et structurante avec de nouveaux pairs, avec qui nous savons ensemble comment et à quel point nous pouvons compter les uns sur les autres. Nous sommes tous heureux à l’idée d’intervenir à nouveau ensemble, à n’en pas douter d’ici peu ! Il y a aussi l’éprouvé, que la démarche de facilitation, ces méthodes, ces outils : ça marche ! Ainsi qu’en matière d’assurance et de satisfaction, en tant qu’accompagnant, de connaître plus précisément, plus habilement, les leviers opérationnels et les limites d’efficacité de notre intervention pour apporter une aide réelle au groupe, dans sa production et dans son vécu – objectif et intention – en accord avec la demande du commanditaire et les talents du groupe. Vous le comprenez bien je crois, mon envie est de partager mon expérience ET que cette formation profite de près ou de loin à tous ceux qui misent (aussi et entre autres) sur l’intelligence et les dynamiques collectives. Alors quelle qu’en soit la suite pour vous, je vous souhaite de belles rencontres coopérantes et des expériences transformantes ! Pour en savoir plus sur cette expérience transformante : franck.sinimale@developperlestalents.fr Dialoguer avec des facilitateurs : https://www.linkedin.com/company/developper-les-talents/ Prochaines dates de formation : https://www.developperlestalents.fr/#formations

Les 3 E dans le rôle de facilitateur en équipe de co-facilitateurs

Intro Les 3 œufs ? Non, il ne s’agit pas d’une énième recette d’omelette. Quoi que… Dans ce qui suit, il s’agit de 3 axes opérationnels par lesquels il est possible de donner une saveur particulière à l’action en équipe et de cultiver l’esprit d’équipe. Si nous battons la métaphore des 3 E, nous pourrions dire que pour cette omelette en équipe, il faut au moins (prendre soin de) 3 E : l’Equipement, l’Entraînement et l’Equipier. Origine Ces 3 E ont émergé lors de la conception d’un module de formation dont la proposition est d’intégrer les émotions comme levier de la qualité dans les relations professionnelles. Relation client, relation hiérarchique, relation intra et inter équipes Une partie de cette formation qu’il me revient de faciliter est consacrée à l’intégration des émotions dans la relation en situations d’urgence et/ou de tension. Et mes équipiers formateurs de m’inviter comme une évidence (pour eux!) à partager avec les apprenants en intro du module de formation, mes expériences professionnelles où le rapport aux émotions avait joué une part importante dans les relations et dans l’action. Alors oui, j’ai bien passé quelques mois sur un bateau de la Marine Nationale. Ce genre de bateau capable de naviguer plusieurs semaines avec un équipage de plus de cent personnes. Où chacun a plusieurs métiers. Un métier de l’armée. Un métier de sécurité. Un métier d’entretien. Pour ma part : détecteur anti sous-marin, pompier incendie, peintre et ménage. Il y a beaucoup de chose à repeindre sur un bateau ! Mais au vue des émotions dans la relation avec un équipier, c’est vers le pompier incendie que mon regard s’est retourné. Quelques années plus tard, c’est le métier d’administrateur de systèmes informatiques, en charge d’un réseau interne mondial de production et de diffusion d’informations journalistiques, qui en y regardant à nouveau, m’a fait vivre de grands moments d’émotions lors de certaines interventions, par exemple en relation avec un journaliste sur le terrain, avec un client exigent de la presse écrite ou audiovisuelle, ou avec un collègue en situation délicate à l’étranger. C’est en réexaminant les points communs de ces deux expériences métiers, au travers des pratiques, des méthodes, et de leurs effets sur la dynamiques des relations entre équipiers, que m’est venue la synthèse des 3 E, Equipement, Entraînement, Equipier. En effet, de mon point de vue, dans leur exercice professionnel, le pompier et l’adminsys ont des aires de pratiques et des méthodes communes. Et en fait, comme dans beaucoup d’autres métiers ! Ils travaillent avec un Equipement adéquate, spécialisé, super entretenu, mille fois vérifié, qu’ils connaissent par cœur et savent réparer, adapter, transposer, remplacer, bref utiliser dans toutes les circonstances possibles et inimaginables. D’ailleurs c’est avec ce même équipement qu’ils s’entraînent, se forment, se forgent, aiguisent leur pratique. L’Entraînement, sans relâche. Cela fait partie intègre du métier. S’entraîner, tester, éprouver. Le matériel, les gestes, les protocoles. Et on recommence. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus besoin de réfléchir, de savoir comment ça marche pour agir. On arrive dans la zone de la maîtrise. Les gestes de bases, les gestes qui sauvent, sont des réflexes en mode automatique. Comme à l’entraînement. Quand il faut prendre une décision, rapide, en situation à haut risque, avec peu de marge, ce n’est plus le moment de se demander comment ci ou ça marche, comment on fait. Ainsi, les gestes intégrés au niveau réflexe libèrent les ressources pour rester vigilant, penser, communiquer, agir au bon moment au bon endroit, garder le contact avec les personnes, les victimes, les usagers, les clients, et les équipiers. Dans ces deux métiers, comme dans beaucoup d’autres, on n’agit pas seul. L’Equipier est de mise. Dire qu’il faut savoir travailler en équipe relève du pléonasme, voire d’une lapalissade ! A certains moments d’intervention, il arrive qu’on se retrouve seul, brièvement, rarement. L’équipier apparaît au moins mentalement dès que l’alarme retenti. Rejoindre le point de rencontre pour le pompier. Ouvrir les applications de connexion et de traçage de panne pour l’adminsys. Des repères conçus et maintes fois validés en équipe. Puis on s’équipe, et-on-se-check ! Je vérifie mon matériel, je vérifie ton matériel, je vérifie que tu as vérifié mon matériel, je vérifie que tu as vu que j’avais vérifié et réciproquement. Et pas que le matériel, mais aussi l’état dans lequel on est. Les regards, les commentaires, souvent courts, en mode plaisanterie, ou pas, en disent long. Le rituel est consommé. Les équipiers s’engagent corps et âmes et coopérants dans l’intervention. Le barrage de l’adrénaline peut enfin céder… Parallèle Pour en revenir à notre rôle de facilitateur en équipe, voici des exemples de ce qu’on peut trouver dans ses 3 E. Equipement : matériels et outils de communication, de conception et d’intervention. Téléphone, ordinateur, tenue vestimentaire, méthode d’animation, déroulé pédagogique, synthèse d’intervention, post-it (et oui…) feutres, sticky wall, paper board, papier, ciseaux, pâte à modeler, Lego, confiseries, (cf plus bas une liste de matériels pour une intervention), site web, outil de collaboration numérique, visioconférence, etc. Entraînement : les espaces et la démarche d’amélioration constante des pratiques. Formation, filage, feedback, organisation des réunions de travail (stratégie commerciale, cadrage des demandes, conception d’intervention, etc) avec les outils d’intervention (dans le jargon on dit : manger la soupe qu’on vend), retour sur expérience, partage de pratique, régulation, intervision, supervision, développement personnel, certification, accréditation, lecture technique et/ou  inspirante, partage et transmission des savoirs, rédaction d’article de blog 🙂 conférence, reconnaissance et développement de la profession, etc. Equipier : quelles questions je poserais à mes équipiers pour apprendre à fonctionner ensemble ? A quel système de valeur nous référons-nous ? Pourquoi formaliser nos règles de fonctionnement en équipe ? Combien de temps, d’argent, pour une intervention ? Go / No go ? Comment savoir de quoi tu as besoin ? Comment cela te convient-il que je te dise de quoi j’ai besoin ? A quoi savons-nous que nous sommes prêts à intervenir ? Quels sont nos codes de communication discrète en situation ? Où sont les limites de notre confort ? Qui fait quoi dans telle ou telle situation ? Quand choisissons-nous de nous rendre disponible ? Pourquoi briefer et débrifer nos actions ? Quelles méthodes pour apprendre de nos prestations, les améliorer, nous améliorer ? Alors, on se la célèbre cette réussite ou quoi ? etc. Ci-dessous une liste produite lors d’un atelier interne à l’équipage Développer les talents, en réponse à : “Qu’avez-vous déjà remarqué qui relève des 3 E dans nos pratiques professionnelles Développer les talents ?” La coanimation en intervention. Le déroulé pédagogique. Les rencontres équipages mensuelles. Nous mangeons la soupe que nous préparons. Les apprentissages post-intervention. Se parler les uns les autres, communiquer au groupe, se dire « les choses ». Prendre le temps [notamment pour le point précédent]. Traverser la zone d’inconfort [ensemble]. Aller jusqu’au bout « des choses ». L’entraînement continue sur le terrain des interventions. La méthode de travail / feedback sur les méthodes. Le check du check c’est le check brillant VS le check et mat ! Entraînement sur mon matériel avec mon équipe – bah le réseau ça va pas. Grâce à nos différences je continue d’apprendre malgré mon âge. La stimulation que produit la diversité. Faire confiance au processus. Conclusion Un E pour les unir tous, l’Esprit d’équipe ! Une conclusion en forme de proposition pour : Considérer et vous approprier les 3 E comme une des conditions, un des systèmes de repères et de pratiques pour favoriser l’émergence, le développement et la culture de l’Esprit de votre équipe. Partager les 3 E sur votre réseau social préféré, et en commentaire, raconter vos expériences, vos réflexions, vos idées de mise en pratique. Je terminerais par le partage d’un point crucial de notre expérience pédagogique, en évoquant l’effet modélisant, par la puissance de l’exemplarité, de l’application des 3 E entre co-facilitateurs dans nos interventions. Certes la préparation d’une facilitation est capitale pour l’émergence de la dynamique et de l’intelligence collective. Et, lorsque le collectif de participants vit la facilitation au travers d’interactions fluides, équilibrées, co-responsables, complémentaires, etc., entre les co-facilitateurs, nous nous disons que les 3 E y sont pour quelque chose dans l’effet whouaou du vécu et des résultats du collectif ! Ma liste de matériel pour les facilitations : MATERIELS QANTITES / REMARQUES Appareil photo / caméra 1 (pour nourrir le fil d’actu DLT 😀 Bol(s) chantant(s) (instrument musique) 1 ou 2 ou 3 selon affinités Bougie + briquet + support 1 de chaque Bouteille d’eau 1 * Cartes de photolangage 1 Ciseaux bouts ronds 12 Colle aérosol « 3M Re Mout » 1 (usage unique, pour encoller le sticky wall) Confiseries 2 boîtes Feutres couleurs (gros) 5 Feutres couleurs (standards) 50 Feutres Velleda 4 couleurs Ficelle (fil des engagements) 20 mètres Ficelle cuisine (stycky wall) 20 mètres Gants latex 20 paires Gel hydo alcoolique 1 Gong (instrument musique) 1 Masques protection emb. indiv. 20 Ordinateur portable ou clé USB 1 * (si diaporama et/ou vidéo) Paper boards 2 * Papier A4 blanc 80gr 1/3 ramette Papier A4 couleurs 80gr 50 x 5 couleurs Papier A5 couleurs 120gr 20 Pâte à fixe 80 pastilles Pelottes de laine 3 couleurs Pinces à linge 20 Post it 4 couleurs Retroprojecteur 1 * (si diaporama et/ou vidéo) Scotch peinture 1 rouleau Scotch transparent 1 rouleau Smartphone ou Tablette 1 (pour faire signer les émargements en ligne) Sticky wall 3 x 1,5 mètres Supports rigides pour écriture avec pince 12 Tingbar (instrument musique) 1 Tsingtha (instrument musique) 1 paire * parfois (mieux vaux que ça soit) fourni par le client