Trop de mythes ? Sors ta bombe !

Trop de mythes ? Sors ta bombe !

« tu m’énerves », « il me fatigue », « elle me fait de la peine »

Ces phrases, je les entends et les prononce tous les jours. Comme si les autres avaient un pouvoir sur mes émotions. Et si c’était faux ?

Taibi Kahler, créateur du Process Communication Model, a identifié quatre croyances, qu’il appelle mythes, qui entretiennent cette illusion de toute-puissance émotionnelle.

Les 4 mythes :

  • Je crois que je peux te faire te sentir bien.
  • Je crois que tu peux me faire me sentir bien.
  • Je crois que je peux te faire te sentir mal.
  • Je crois que tu peux me faire me sentir mal.

Ces phrases traduisent une idée aussi répandue qu’erronée : que nous aurions un pouvoir direct sur les émotions d’autrui et inversement.

 

Ces mythes décrivent des croyances portant sur les mots. En effet, si quelqu’un de beaucoup plus grand et fort que moi me donne un coup de poing, il va déclencher de la peur chez moi. A ce moment il prend le pouvoir de me faire me sentir mal et il le prend par l’action.

En revanche, si quelqu’un me fait des compliments ou me critique, il n’a pas le pouvoir de me faire me sentir bien ou mal. Pour cela, il faut que j’accepte ses paroles comme vraies ou partiellement vraies. Vous pouvez vouloir que l’autre se sente mal ou bien. Néanmoins votre pouvoir s’arrête à la simple invitation. La personne a cette liberté d’y consentir ou pas. Je peux INVITER l’autre à se sentir bien, mais je n’ai pas le POUVOIR de le faire se sentir bien. Cela signifie que nous ne sommes pas tout puissants. 

Tiens, première nouvelle ! On le sait, pourtant on agit bien souvent comme si nous l’étions. Et cette prise de conscience change tout puisqu’il s’agit de reprendre la responsabilité de ses émotions. Et lorsqu’on arrête d’attribuer nos états émotionnels aux autres, on se réapproprie une chose précieuse : notre propre responsabilité.

Non, ce n’est pas « lui qui m’énerve », c’est moi qui m’énerve en réaction à une situation ou un comportement.
Et c’est moi qui choisis (ou non) de répondre au téléphone, de garder mon calme, ou de réagir différemment. C’est une posture inconfortable… mais libératrice.

Et alors, qu’est-ce qu’on fait ? On dé-mythe et on agit !

Nous parlons ici d’une discipline personnelle. Je nettoie mon discours. Il a impact sur moi et je le propose alentour. Cela ne devient pas le monde des bisounours. Je garde le contenu et je m’exprime différemment.  Et je peux formuler une critique à l’encontre de quelqu’un.

Voici quelques exemples de dé-mythage :

  • Tu es pénible : Je ne supporte pas quand tu fais ça.
  • Ça ne veut rien dire ce que tu dis : Je ne comprends pas ce que tu dis
  • Tu me fatigues : je n’ai plus d’énergie pour te suivre
  • Je vais te faire rire : je vais te raconter quelque chose que je trouve très drôle
  • Tu me rends dingue : je perds ma patience, je perds mon latin avec toi
  • Il me fait de la peine : je suis triste quand il fait cela
  • Tu me rend heureuse : je me sens bien avec toi
  • Arrête de m’agresser ! : Parle moi différemment pour que je puisse entendre ce que tu veux me dire.
  • Tu me tues à petit feu : Je suis de plus en plus malheureux avec toi.
  • Tu vas prendre cher : il y a de la menace dans cette phrase.  Eloigne-toi, je suis très en colère. Si tu restes, je risque d’être violent. Je protège la personne de ma colère.

 

Et c’est difficile car une fois que j’ai lâché la phrase, c’est à moi d’agir. Alors qu’avant c’est toi qui a un problème car le mythe déresponsabilise.

 

Allez hop, chacun son spray et c’est parti pour la chasse aux mythes !

 

 

Sources : La Process Com : Découvrir et Pratiquer. Patrice Dubourg Editions Eyrolles, Stage Process Com niveau 3 2015

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Rédigé par Karine Gillot
En tant que facilitatrice, j’accompagne des personnes et des organisations dans des projets de transformations au sein du collectif Développer les talents. J’ai notamment construit et co-animé des formations au rôle de facilitateur de l'intelligence collective, à la mobilité professionnelle et à l’appropriation du changement. J’ai auparavant exercé pendant 16 ans diverses fonctions de consultante, cheffe de projet, et responsable marketing chez l’opérateur mobile Orange. Là, j’ai acquis une solide culture digitale. D’un naturel spontané et structuré, j’aime écouter, transmettre et agir