« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
Vous connaissez sans doute cette citation ?
Eh bien, vous êtes au bon endroit car je trouve qu’elle prend encore plus de sens dans la facilitation !
Reprenons les 3 rôles du facilitateur :
- Concevoir
- Animer
- Debriefer
(je mets à part le cadrage qui conditionne la facilitation mais qui « n’est pas » la facilitation)
Et si on « co-faisait » à chaque étape ?
Co-concevoir
J’adore concevoir.
Décortiquer ce que j’ai obtenu du cadrage pour proposer un déroulé qui permettra d’atteindre l’objectif (= le livrable) et l’intention (= l’expérience que je souhaite faire vivre aux participants), j’adore !
Mais ce que j’adore encore plus, c’est co-concevoir.
Le ping-pong que l’on génère à 2 (ou plus !) est assurément plus créatif que le brainstorming seul avec soi-même.
On partage des retours d’expériences, ce qui marche, ce qui marche moins, on prend du recul sur les idées de l’autre, on tricote ensemble, on détricote ensemble, en définitive on bouscule « la matière » à 2 et ça nous mène forcément beaucoup plus loin.
Je l’ai fait avec ma comparse M. pour une mission au Ministère de l’Education Nationale. 35 participants, un espace et un temps contraints, des attentes très ambitieuses de la part du commanditaire. On a passé beaucoup beaucoup beaucoup de temps au téléphone et en visio (M. habite à Lyon) pour aboutir à un déroulé qui nous a permis d’obtenir la mission (check !) et de l’assurer ensuite (check bis !).
Je l’ai aussi fait en mode « flash co-conception » avec 2 amies facilitatrices pour une autre mission qui me posait pas mal de questions et dont je n’arrivais pas à me dépêtrer. Un simple coup de fil à ces 2 personnes m’a permis d’envisager des méthodes d’animation auxquelles je n’avais pas pensé et surtout elles m’ont poussé à repartir d’une feuille blanche. La clarté s’est alors faite beaucoup plus facilement !
Profiter de l’intelligence collective pour concevoir un atelier d’intelligence collective, c’est finalement assez logique. Et pourtant, on reste parfois à ruminer seul ses idées… Alors vive la co-conception !
Co-animer
On ne va pas se mentir, co-animer c’est une autre paire de manches que de co-concevoir.
Dans la phase de conception, on reste derrière le rideau, on n’est pas encore face au public, on n’a pas l’adrénaline et le stress du live.
L’animation, c’est le plongeon dans le grand bain.
J’ai beau avoir déjà fait de nombreuses co-animations, j’en ressors encore aujourd’hui systématiquement bousculée.
Pour une seule et unique raison : il y a autant de styles que de facilitateurs !
Scolaire, free-style, potache, expert, ramollo, surexcité… Chacun son style, et tant mieux. Mais forcément ça vient chahuter notre style à nous.
Alors, évidemment, co-animer avec quelqu’un qui a un style qui ressemble au nôtre, c’est vachement confortable. C’est le genre d’animation super fluide où on se dit « J’ai l’impression qu’on se connaît depuis toujours » alors qu’on s’est rencontrés une demi-heure avant le démarrage ! (expérience vécue pas plus tard que la semaine dernière, c’était franchement magique et kiffant…)
Dans la vie courante, c’est rarement aussi évident. Il y a généralement toujours un petit quelque chose qui vient gratter. Et ça tombe bien, moi j’adore les challenges. Sortir de ma zone de confort, ça me plaît bien… et puis c’est très apprenant !
S’adapter à l’autre, composer avec une personnalité différente, accueillir le fonctionnement de l’autre, faire des compromis, oser dire ce dont on a besoin pour être bien, etc.
Ça demande plus d’efforts, plus de temps, plus d’ajustements en temps réel, ça peut même être carrément désagréable parfois, mais ça enrichit drôlement !
J’ai vécu tellement de cas différents : celui où il faut suivre le déroulé mot pour mot, celui où on improvise à 400% en temps réel, celui où on teste des trucs en live, celui où on se demande où l’autre est en train d’aller, celui où il réussit à nous surprendre… Bref, j’ai ma besace bien remplie d’expériences !
Dans ma pratique, après chaque facilitation, j’ai pris l’habitude de debriefer de ma « prestation » (j’en parle dans cet article). Quand je co-anime, je debriefe aussi notre co-animation. Et je note ce que mon co-animateur m’a appris, m’a apporté, ce que je ferai différemment une prochaine fois, les idées que j’ai glanées, etc. C’est généralement bien plus riche que si je l’avais fait seule !
Co-debriefer
En plus de mon debrief individuel classique, nous debriefons aussi avec mon co-animateur. Et là aussi, à 2 on est plus forts pour faire l’histoire et voir où on a été bons, moins bons, ce qu’on aimerait tenter la prochaine fois… Et surtout, on se donne du feedback l’un sur l’autre. Et waouh, que c’est bon ! Moi qui n’aime rien autant que progresser (#promoteur), je me délecte de ces offrandes de mon co-anim. Il va pointer des choses que je n’aurais pas vues toute seule : un tic de langage, une réaction que j’ai provoquée chez un participant, une posture pas tout à fait adéquate… Bref, ses retours vont me nourrir pour être encore meilleure une prochaine fois !
Et puis, bien sûr, je recevrai aussi sans doute quelques compliments et ma confiance en moi ne boudera pas son plaisir de recevoir des fleurs 😊
Bien sûr, on n’est pas dans le monde des bisounours et il y a des fois où c’est franchement pénible de co-faire quand on n’est pas du tout sur la même longueur d’ondes, qu’on n’arrive pas à s’accorder, qu’on n’est que dans le compromis pour pouvoir avancer. Mais des fois on n’a pas le choix, alors autant se lancer en se disant qu’on en tirera forcément quelque chose !
Parfois, on a la possibilité de refuser une co-animation. Je l’ai fait il y a quelque temps car il s’agissait d’un atelier de sensibilisation assez challengeant que je devais animer pour la première fois. J’avais envie / besoin de me plonger seule dans le bain pour me sentir à l’aise. Je me suis écoutée. Ai-je eu raison ? Aurais-je dû me challenger ? Aurais-je mieux appris en incluant une co-animatrice dans ma première expérience ? Pour toutes les raisons citées au-dessus, sans doute que oui ! L’avenir me le dira 😊