Un déjeuner, une pause, un regard curieux.
Et puis, une remarque qui détonne. En 2017, Antoinette travaillait avec un collègue argentin. Un jour, il lui lança : « Vous êtes bizarres, vous les Français » Elle aurait pu s’en offusquer. Mais au contraire, ces mots devinrent le point de départ d’un dialogue joyeux et profond. Chacun a ses habitudes, ses réflexes, ses silences. À travers ces écarts culturels, une énergie nouvelle est née. Un souffle, une dynamique, Antoinette a compris ce jour-là que la divergence n’est pas une menace, c’est un moteur. Il suffit d’en avoir envie, de s’en approcher sans peur, car au bout du compte, les divergences peuvent devenir des convergences.
Si on tend l’oreille, si on se laisse toucher.
Laurent, lui, avance comme on tisse une toile invisible. Coach à l’écoute des silences autant que des mots, il accompagne les élans, les doutes, les éclosions. Sa présence est subtile, presque poétique. Il murmure plus qu’il n’impose, et pourtant, il éveille des forces profondes. Dans la diversité des parcours qu’il croise, il perçoit une musique singulière : celle des voix intérieures qui cherchent à s’accorder. Pour lui, accompagner un collectif, c’est comme accorder un orchestre : il ne s’agit pas d’unir à tout prix, mais de faire vibrer chaque singularité au service d’une harmonie plus vaste.
À l’autre bout du monde, ou presque, Franck grandissait avec une langue façonnée par le métissage : le créole réunionnais. Il en parle avec une tendresse vibrante.
« Na demoune ? » demande-t-il parfois, le sourire aux lèvres : « y’a quelqu’un ? »
Ce créole, c’est une mosaïque. Une langue née de la rencontre des peuples, des exils, des rêves. Il y voit une clé : sa capacité à écouter la pluralité, non pas comme des différences à supporter, mais comme des voix à accueillir.
Marie, elle, a exercé la facilitation dans plusieurs pays. Des réunions en Asie, en Europe, en Afrique. Elle raconte les malentendus culturels avec douceur et humour.
« Il y a des endroits où un NON non-dit est un NON évident. Et d’autres où, sans un NON explicite, rien n’est refusé » Mais ce qui la frappe, au-delà des codes, c’est ce qu’il y a de constant : l’humain. Son énergie, sa capacité à se relier aux autres. C’est là, dit-elle, que tout commence et que tout peut renaître.
Dans un grand atelier collectif, Karine observe les interactions. Elle voit les visages s’ouvrir, les regards s’illuminer. La diversité, pour elle, n’est pas un mot à la mode, c’’est un levier de transformation. Quand les générations se rencontrent, quand les opinions s’opposent sans s’annuler, il y a de la matière à penser, à créer. « Avançons ensemble ! dit-elle, et chacun(e) suit son propre pas. Et c’est dans ce rythme partagé que naît la confiance. »
Rania, elle, raconte les petits moments. Ceux qu’on néglige parfois, mais qui font toute la différence. À la pause déjeuner, autour d’un plat ou d’un mot oublié.
Un jour, on découvre que « toubib » vient de l’arabe. Le lendemain, on s’amuse avec « fissa ».
Ces mots, ces anecdotes, deviennent des ponts. Entre générations, entre origines. Et elle ajoute en souriant : « C’est dans ces instants simples que je m’épanouis. Là où l’on partage bien plus que des idées : on partage nos histoires. »
Et toi, lecteur, membre d’un collectif peut-être… As-tu déjà entendu ce souffle ?
Ce moment où les différences ne sont plus des murs, mais des fenêtres ?