(Article garanti sans iA) Pourquoi les gens conscients choisissent de déserter les organisations ?
Il est des réveils qui ne pardonnent pas.
Celui qui, après un coaching profond ou une session de l’Élément Humain, retourne dans son entreprise conscient de ses ombres, de ses projections, capable de réguler ses émotions avec discernement découvre souvent un autre monde. Ce qui hier semblait “normal” devient brutalement insoutenable.
L’inconscient collectif, cette force d’attraction
Oui, l’inconscient collectif de l’entreprise est puissant : le masque du rôle, la culture de la performance, la peur de ne pas être à la hauteur, la loyauté à des règles implicites où l’émotion est suspecte, le temps toujours plus accéléré.
Comme le disait Sérieyx : « La culture est toujours plus forte. »
L’organisation agit comme un champ magnétique : elle ramène chacun à sa persona, cette figure sociale façonnée pour correspondre aux attentes du milieu.
Et celui ou celle qui tente de rester conscient dans cet univers s’expose à un double risque : l’usure et la solitude. Car plus la conscience s’élargit, plus la dissonance devient douloureuse. C’est ce que Jung appelait “le fardeau de la vision”.
On se met à parler une autre langue, à percevoir d’autres dimensions.
On devient psychologiquement seul, même entouré.
Le fardeau de la lucidité
À mesure que la conscience grandit, la tension entre soi et le système s’intensifie.
C’est le paradoxe de l’éveil : plus on devient lucide, plus il devient difficile de rester dans un environnement qui ne l’est pas.
Beaucoup finissent par se retirer, non par désamour du monde, mais pour ne pas se trahir.
Henri Laborit l’a magnifiquement formulé dans Éloge de la fuite : « Fuir, c’est parfois la seule manière de ne pas mourir intérieurement. »
Alors certains disparaissent doucement du monde de l’entreprise :
ils deviennent formateurs, thérapeutes, coachs, artisans, ou simplement des êtres qui vivent au rythme de leur conscience retrouvée.
Ils ne fuient pas la société, ils cherchent un espace où l’être peut exister sans s’excuser.
Mais que devient alors l’entreprise ?
C’est la question qui me hante.
Si ceux qui montent en conscience s’en vont, l’entreprise reste livrée aux forces inconscientes qui la gouvernent : la peur, le contrôle, la compétition. Et le système se prive des âmes capables de le transformer.
Heureusement, certains choisissent de rester.
Non pour “sauver” le système, mais pour y semer, patiemment, des graines de conscience.
Ces coachs internes, ces managers lucides, ces leaders silencieux qui, au quotidien, cherchent à tenir ensemble ce qui semble s’opposer :
la performance et la présence,
la stratégie et la sagesse,
le collectif et l’individuation.
Ils marchent sur une ligne de crête étroite : celle de la conscience au cœur du collectif inconscient.
Ils ne s’opposent pas à la tension, ils la transforment.
Tenir ensemble les contraires
Peut-être la question n’est-elle pas de savoir si l’entreprise est un terreau favorable à la conscience, mais si chacun de nous peut y maintenir vivante une présence consciente sans s’y perdre.
C’est là le véritable défi du monde du travail aujourd’hui :
tenir ensemble le système et la conscience,
le réalisme et la profondeur,
le collectif et la vérité intime.
Ce défi, certains le fuient pour se préserver — et ils ont raison.
D’autres l’habitent, pour le transformer de l’intérieur — et ils ont du courage.
Et si, au lieu d’opposer fuite et engagement, nous reconnaissions que les deux participent d’un même mouvement de vie ?
Apprendre à demeurer dans cette tension sans se dissoudre, à voir sans juger, à agir sans se perdre : voilà l’art.
Comme le disait Jung :
« Ce que l’on ne devient pas conscient revient sous forme de destin. »
Et si notre destin collectif dépendait justement de ceux qui, sans renier leur lucidité, osent encore y croire ? C’est mon cas.
